Important acteur des mouvements symbolistes et nabis, puis du renouveau de l’art sacré et théoricien de l’art de portée internationale, Maurice Denis est une figure artistique déterminante de la première moitié du XXe siècle (Durey, Ekkehard, Foster, de Leeuw, 1994, p. 11). Après des études classiques au Lycée Condorcet entre 1882 et 1887, accompagnées d’un apprentissage de dessin chez le photographe Zani à Saint-Germain-en-Laye, puis chez le peintre brésilien Julio Balla à Paris, il est admis à l’Ecole des Beaux-arts dans l’atelier de Lefebvre et Doucet, et obtient son baccalauréat de philosophie. C’est durant ces années qu’il entre en contact avec plusieurs protagonistes importants pour sa future carrière : le galeriste Paul Durand-Ruel et les artistes Pierre Bonnard et Paul Sérusier, autour desquels se forme le groupe Nabi (Barruel, 1994, p. 356). Malgré le jeune âge de Maurice Denis, ses talents d’écrivain sont déjà reconnus, puisqu’il est l’auteur du premier manifeste du style Nabi, "Définition du Néo-Traditionnisme", publié dans la revue Art et critique en août 1890 (Maurice Denis, s.d.). Il devient alors le théoricien officiel et le principal fédérateur du groupe, lequel finit par se disperser progressivement après la mort de Van Gogh et de Seurat, puis le départ de Gauguin pour Tahiti (Bouillon, 1994, p. 13).
Si le groupe Nabi est porteur d’une idéologie privilégiant le moyen plastique en rompant avec le naturalisme (Bouillon, 1994, p. 13), il se construit autour d’un axe qui restera essentiel au sein de l’oeuvre de Denis durant toute sa carrière : la célébration de la foi dans l’art. Ainsi, après plusieurs travaux dans ses jeunes années dans le domaine du théâtre et des arts décoratifs (plafonds de l’hôtel particulier d’Ernest Chausson, 1894-1898, illustration de la Sagesse de Verlaine, édité en 1911) il obtient en 1899 sa première commande dans le domaine de l’art religieux, pour la chapelle du collège Sainte-Croix au Vésinet (Barruel, 1994, p. 356-357). Cependant, le tournant décisif pour cette partie de sa carrière se situe après la Première Guerre mondiale. Denis fonde alors avec Georges Desvallières, entre 1919 et 1920, les Ateliers d’art sacré, l’une des principales institutions du mouvement de renouveau de l’art sacré en France (Gamboni, 1994, p. 83). Ces ateliers se conçoivent comme une école ou corporation, avec des enseignements dans les domaines de la théologie et de la philosophie, couplés à l’apprentissage de techniques artistiques diverses (peinture, vitrail, orfèvrerie, tapisserie, sculpture, etc.). Ils connaissent une très forte médiatisation et forment un grand nombre d’élèves, assurant leur rayonnement et renommée (Taillefert, 1993, p. 15-25).
Parallèlement à son investissement dans les Ateliers, Maurice Denis rédige des ouvrages déterminants pour l’histoire de l’art religieux : Nouvelles théories, sur l’art moderne, sur l’art sacré, 1914-1921, en 1922, et sa grande Histoire de l’art religieux, en 1939 (Bouillon, 1994, p. 14). Il réalise un grand nombre d’œuvres dans des églises et chapelles de France et de Suisse, peintures et vitraux majoritairement, mais aussi quelques mosaïques, céramiques et sculptures (Gamboni, 1994, p. 81). Parmi ses réalisations religieuses les plus importantes, on peut citer la décoration de l’église Sainte-Marguerite au Vésinet (1901-1903), l’abside et les vitraux de l’église Saint-Paul de Grange-Canal à Genève (1915), les vitraux de Notre-Dame de Genève (1917) et ceux de Notre-Dame du Raincy avec la maître-verrier Marguerite Huré (1923) ; la décoration de l’église Saint-Niçaise de Reims (1926-1934), et celles de l’abside de Saint-Louis de Vincennes (1927), de la chapelle des franciscaines de Rouen (1930), de l’église Saint-Martin de Vienne en France (1932-1933), du Sacré-Cœur de Saint-Ouen (1933), de l’église du Saint-Esprit à Paris (1934), et de la basilique de Thonon-les-Bains (1941).
Durant sa riche carrière, il obtient plusieurs importantes commandes profanes liées au domaine public (décoration de la coupole du théâtre des Champs-Elysées entre 1910 et 1912, plafond de l’escalier public au Sénat de Paris en 1928, peintures murales pour le Bureau International du Travail à Genève en 1931, et pour la salle des Séances de la Société des Nations à Genève en 1936, déambulatoire du Théâtre de Chaillot à Paris en 1937, etc.).
Maurice Denis est également un grand voyageur, qui a parcouru l’Italie, l’Allemagne, la Russie, la Belgique, la Hollande, la Tunisie et l’Algérie, les États-Unis et le Canada, l’Égypte et la Grèce (Barruel, 1994, p. 357-359). Établi à Saint-Germain-en-Laye, dont il achète en 1914 "Le Prieuré" (en réalité l’ancien Hôpital général construit par Louis XIV et Madame de Montespan), dont il fait son fief, il y réalise la plupart de ses œuvres (Barruel, 1994, p. 357). La chapelle du Prieuré est entièrement décorée par lui en collaboration avec Auguste Perret pour la restauration de l’architecture, et du maître-verrier Marcel Poncet, son gendre, pour les vitraux (Gamboni, 1994, p. 83).
Les trois tomes du journal de Maurice Denis, dans lesquels il relate sa vie depuis ses quatorze ans, ont été édités entre 1957 et 1959 à Paris (Maurice Denis, s.d.).
Barruel, T. (1994). Chronologie. Dans Maurice Denis : 1870-1943 : [catalogue], Lyon, Musée des beaux-arts, 29 septembre – 18 décembre 1994 (p. 356-359). Paris, France : Réunion des musées nationaux.
Bouillon, J. P. (1994). Situation de Denis. Dans Maurice Denis : 1870-1943 : [catalogue], Lyon, Musée des beaux-arts, 29 septembre – 18 décembre 1994 (p. 13-18). Paris, France : Réunion des musées nationaux.
Durey, P., Ekkehard, M., Foster, R., de Leeuw, R. (1994). Avant-Propos. Dans Maurice Denis : 1870-1943 : [catalogue], Lyon, Musée des beaux-arts, 29 septembre – 18 décembre 1994 (p. 11). Paris, France : Réunion des musées nationaux.
Gamboni, D. (1994). « Baptiser l’art moderne » ? Maurice Denis et l’art religieux. Dans Maurice Denis : 1870-1943 : [catalogue], Lyon, Musée des beaux-arts, 29 septembre – 18 décembre 1994 (p. 75-87). Paris, France : Réunion des musées nationaux.
Maurice Denis. (s.d.) Dictionnaire de la peinture. http://www.larousse.fr/encyclopedie/peinture/Denis/151877)
Taillefert, G., Taillefert, H. (1993). Les Sociétés d’Artistes et la fondation de l’Art catholique. Dans J. Bony, L’art sacré au XXe siècle en France (p. 15-25). Thonon-les-Bains, France : Albaron – Société Présence du livre.