Sur un fond damassé bleu, les armes de la famille Schenk von Castell reposent sur un socle en gradins. Elles sont surmontées d’un heaume orné de lambrequins et d’un cimier formé d’une paire de bois de cerf rouge. Le socle est garni de l’inscription du donateur et de la signature du verrier. L’encadrement architectural se compose d’un arc en accolade richement décoré, soutenu par deux colonnes posées sur le soubassement.

Le vitrait est encadré par du bois pourvu de deux anneaux d’accrochage en métal vissés sur sa tranche supérieure, le chapiteau de gauche pourrait constituer un complément ancien.

Ce vitrail aux armes de la famille Schenk von Castell, famille noble issue du canton de Thurgovie, a été réalisé par le verrier zurichois Adolf Kreuzer vers 1883. Il a été acheté par le Musée des arts décoratifs de Genève en 1898 auprès de l’antiquaire genevois Emile Dreyfuss avec deux autres vitraux (GE_2355)dont l’un conçu par le même verrier (GE_2357).

Kreuzer prend comme modèle une série de trois vitraux réalisés en 1526 par l’atelier du peintre verrier zurichois Hans Funk ou par son cercle proche et qui se trouvent depuis le milieu du XIXe siècle dans la chapelle Saint-Barthélémy, dite de Pérolles, à Fribourg (Bergmann, 2017). Il s’agit du vitrail aux armes de (Dietrich II?) d’Englisberg (FR_4) et de ceux aux armes inconnues (Mussilier ?) (FR_5 et FR_6) (Bergmann, 2015). A l’origine, ils étaient placés dans le château des seigneurs de Pérolles (Pigritz), situé en dehors de Fribourg à sa construction, dans la paroisse de Villars et qui fut reconstruit, avec la chapelle entre 1508 et 1522 (Bergmann, 2017). *
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La confrontation des trois panneaux avec le présent vitrail nous révèle que Kreuzer copie à l’identique non seulement l’ensemble de l’encadrement architectural, mais aussi la composition centrale des armoiries, à l’exception évidemment de l’écu représentant les armes d’une autre famille. Il change néanmoins les coloris de certains éléments, tels que le soubassement, les colonnes, l’arc en accolade, le heaume et les lambrequins. Kreuzer démontre non seulement ses qualités de peintre verrier en réalisant un dessin très fin et délicat avec des détails peints à la grisaille et au jaune d’argent, mais aussi un travail précis de maître verrier, particulièrement pour les armoiries et les lambrequins qui sont plaqués et gravés à l’acide.