Deux petits enfants se tiennent devant une longue plante végétale décorative. L’un, nu, est assis sur le sol et tient de sa main une tige de la plante alors que l’autre, debout et vêtu d’une tunique sans manche, se penche vers le premier. Dans l’angle supérieur droit dans un cartouche apparaît le monogramme “AG” ainsi que la date 1535.

Bon. Un verre fissuré, surface rayée en quelques endroits, soudures sur les plombs.

Ce panneau de vitrail datant vers 1880 est l’oeuvre de l’atelier Champigneulle, Paris, dirigé par Louis-Charles-Marie, fils du verrier Charles-François Champigneulle. Il fait partie d’un lot de onze oeuvres acheté par le Musée des arts décoratifs de Genève auprès de l’entreprise parisienne entre 1885 et 1887. Deux pièces maîtresses, un double panneau de style japonisant (GE_2326 et GE_2327) et un vitrail héraldique monumental (GE_2330) sont acquis pour 2000 francs et neuf autres vitraux sont offerts en surplus par l’atelier. L’ensemble est très hétéroclite, autant par les sujets représentés (religieux, profanes, ornementaux) que par les siècles auxquels ils font référence, allant du XIIe siècle à l’époque contemporaine de l’atelier. Ils présentent en quelque sorte un catalogue de la production de l’atelier qui proposait ses oeuvres dans toute l’Europe, dont la Suisse (Buyssens, 2019, p. 253-254).

Cette oeuvre a été conçue sur la base d’une gravure (Aldgrever, 1535) d’un peintre et graveur allemand du XVIe siècle, Heinrich Aldegrever, qui fait partie, aux côtés de Georg Pencz, Hans Sebald et Barthel Beham, Albrecht Altdorfer et d’autres, du groupe des Petits Maîtres allemands (Kleinmeister) qui succédèrent à Dürer dans le monde de la production de gravures. Ils doivent leur surnom au fait qu’ils étaient spécialisés dans la réalisation de très petites gravures finement détaillées, dont certaines n’étaient pas plus grandes qu'un timbre postal (Bartrum, 1995, p. 12).

Champigneulle a fait une copie littérale de cette gravure datant de 1535 et signée du monogramme “AG” (en haut à droite), qu’il recopie à l’identique et place au même endroit, monogramme qui est d’ailleurs très proche graphiquement de celui d’Albrecht Dürer. La seule différence entre la gravure au burin et le vitrail réside dans l’arrière-plan qui est noir sur la gravure alors que Champigneulle décide logiquement de faire son dessin sur du verre incolore, permettant de mettre idéalement la composition en valeur et de laisser passer la lumière.