Le vitrail se divise en trois registres. Au centre, dans un cadre architectural composé de deux colonnes soutenant un entablement, figure un écusson aux armes de Brunschwiler et de l’abbaye bénédictine de Fischingen, surmonté d’un protomé de l’homme sauvage, flanqué à gauche d’une Vierge à l’Enfant et à droite de sainte Catherine d’Alexandrie munie d’une épée. Dans la partie supérieure, l’écoinçon gauche représente l’histoire de sainte Idda de Toggenbourg. La partie droite est composée de pièces de remploi figurant des cavaliers. Dans la partie inférieure se trouve une inscription du donateur dans un cartouche à tête ailée d’angelot, au centre d’un entablement.

Quelques fentes, nombreux plombs de casse, partie supérieure et entablement de droite partiellement complétés par des verres anciens de provenance diverse.

Le vitrail a été donné en 1616 par Placidus Brunschwiler (1589/1590-1672), afin de commémorer son arrivée en tant qu’abbé au monastère bénédictin de Fischingen. En fonction entre 1616 et 1672, il s’est notamment distingué par son intérêt pour la restauration et l’édification de nouveaux bâtiments pour le monastère, ainsi que par ses donations de vitraux. Plusieurs autres donations de vitraux de cet abbé ont été conservées (cf. sous Commanditaire). L’écoinçon supérieur droit manquant du présent vitrail représentait à l’origine probablement sainte Idda munie d’une crosse, suivant un cerf, comme c’est le cas sur d’autres vitraux qui possèdent une iconographie similaire.
A l’époque de la fondation du monastère de Fischingen, la Vierge Marie en était la sainte patronne. Dès le début du XVIIe siècle, saint Jean et saint Jean-Baptiste apparaissent comme les patrons de Fischingen. C’est en 1637, sous l’abbatiat de Placidus Brunschwiler, qu’une chapelle du monastère est consacrée à sainte Catherine (Knoepfli, 1955, p. 83) et qu’elle apparaît à plusieurs reprises sur des vitraux armoriés. Depuis la fondation de la Confrérie d’Idda en 1580, sainte Idda de Toggenbourg, dont les principaux événements de l’histoire sont représentés dans l’écoinçon supérieur gauche du panneau, est de plus en plus fréquemment mise en avant. Avant la fin du XVIIe siècle, elle devient avec Marie, la sainte patronne du monastère (Meyer, 1976, p. 135 et suivantes). La légende raconte qu’Idda, fille d’un comte de Kirchberg près d’Ulm, était mariée à un comte de Toggenbourg. Un jour, un corbeau a volé l’alliance de la jeune femme et l’a déposée dans son nid. Un chasseur trouve la bague et la prend, jusqu’au jour où le comte a vent de cette histoire et accuse Idda d’infidélité. Fou de rage, il fait tuer le chasseur et défenestre son épouse du haut du château. Celle-ci implore Dieu lors de sa chute et est miraculeusement sauvée. Elle se réfugie alors dans une grotte et voue sa vie à Dieu, en ermite, même après que le comte ait reconnu son erreur. Celui-ci lui aurait ensuite fait construire un ermitage à proximité du monastère de Fischingen (Landwehr, 2021).

Durant la seconde moitié du XVIIIe siècle, le collectionneur Beat Fidel Zurlauben (1720-1799) a visité le monastère cistercien de Tänikon en Thurgovie et en a décrit les vitraux. Parmi ceux-ci se trouve un panneau de Placidus Brunschwiler daté de 1616 (Boesch, 1943, p. 64). Boesch (1943, p. 64) a identifié ce vitrail comme étant celui conservé depuis 1891 au Musée Ariana. Cependant, la composition et le format du présent panneau ne correspondent pas aux verrières connues de Tänikon (voir aussi GE_2104). De plus, la description très brève qui en est faite par Zurlauben, qui concerne surtout l’inscription et les armoiries, pourrait tout aussi bien correspondre à un autre vitrail au vu des nombreux dons documentés pour l’abbé Brunschwiler. En 1626, alors que le réfectoire de l’abbaye de Tänikon est restauré par l’abbesse Magdalena Hoppler (1623-1639), huit donations de vitraux sont attestées pour cette pièce du monastère, dont une par le même Brunschwiler (TG_102) (Boesch, 1943, p. 66 ; Keller, 2022, p. 65). Malgré des dimensions relativement similaires, ces vitraux armoriés accompagnés de scènes de la vie du Christ ne correspondent pas dans leur composition et dans leur datation au présent panneau. De plus, Zurlauben ne semble pas avoir visité cette partie du monastère, car il ne décrit pas les verrières du réfectoire (Boesch, 1943, p. 64). La provenance de ce vitrail de Tänikon étant peu probable, sa localisation d’origine demeure inconnue.

Cité dans :

• Sidler, 1905, p. 100, n° 11.

• Deonna, 1938, p. 17, n° 35.

• Boesch, 1943, p. 64, n° 2.

• Hoegger, 2002, p. 342, fig. 153.