Ce carton en couleur est un travail préparatoire pour la partie inférieure d’un vitrail de la nef de la chapelle Saint-Hubert de Prévondavaux (FR), daté de 1941. Il est l’oeuvre de l’artiste fribourgeois Gaston Thévoz qui collabore pour la réalisation des verrières avec l’atelier A. Kirsch & Cie de Fribourg.
La chapelle, oeuvre d’Ambroise Villard datant de 1887, est rénovée entre 1926 et 1931 (Chassot, 1931a) par le Romontois Fernand Dumas, architecte emblématique du Groupe de Saint-Luc. Les archives de la paroisse étant lacunaires, elles ne nous permettent pas de savoir s’il avait prévu de poser des verrières lors de ces travaux. La paroisse manquant d’argent (Chassot, 1926 et Chassot, 1931b), c’est probablement pour cette raison qu’elle doit attendre dix ans pour voir les six fenêtres de la chapelle parées de vitraux.
Verrières mixtes composées dans leur partie supérieure de deux médaillons ornementaux superposés au centre desquels sont dépeints des symboles christiques, elles présentent dans leur partie basse des scènes liées à la vie de la Vierge et du Christ illustrant les mystères du Rosaire (Lovy, 2014, p. 4). Thévoz mélange deux types de verrières répandues depuis le Moyen Âge (verrière à médaillons superposés et verrière narrative), dont il propose une version modernisée. Très inventif dans sa composition et le choix de ses motifs ornementaux, il réalise un dessin structuré et rigoureux pour la partie ornementale, adoptant un des motifs floraux utilisé pour la décoration du chœur dont le projet avait été établi par Gaston Faravel (Chassot, 1931b). Pour les scènes narratives, il opte pour un style minimaliste où les protagonistes figurent au centre de la représentation en plan moyen, sans décor superflu.
Thévoz utilise, comme pour ses vitraux à l’église Saint-Gorgon de Porsel, réalisés entre 1940 et 1941, plus particulièrement le vitrail de la fenêtre axiale consacré au saint patron de l’église, une palette de couleurs très riche, composée de teintes vives, parfois presque fluorescentes, contrebalancée par un travail à la grisaille dense apportant relief et mettant en lumière certains détails importants. En coloriste expérimenté, il n’hésite pas à recourir à des roses vifs, jaunes, orange et bruns pour la carnation de ses protagonistes, à l’instar de l’artiste fribourgeois Jean-Edouard de Castella qui, la même année, se détourne des teintes convenues pour les chairs dans ses premières verrières de l’église Saint-Pierre à Fribourg, celles-ci étant, comme tout détail de son dessin, au service de la physionomie colorée de l’ensemble (par exemple GSL_206). Thévoz les utilise à Prévondavaux dans un sens équivalent.
Dans le fonds graphique de l’atelier Kirsch et Fleckner, il existe trois cartons pour trois des six scènes narratives des vitraux mixtes de Prévondavaux, dont celui-ci. Ils révèlent que Thévoz a effectué des changements de coloris importants lors du choix des verres. Il a non seulement nuancé les teintes de certains vêtements mais c’est surtout durant cette phase qu’il a décidé d’opter pour des carnations plus radicales pour la représentation de certains visages, apportant ainsi plus de puissance à ses scènes.