Au centre du vitrail, le monogramme de la Vierge (A M), traité en jaune sur un fond gris, est représenté au coeur d’un médaillon rayonnant surmonté d’une couronne. Le tout se détache sur un fond bleu nuit parsemé d’étoiles.

Ce vitrail, situé sur la paroi nord de la nef, est réalisé en 1929 par l’artiste genevois Alexandre Cingria, comme l’ensemble des fenêtres hautes de la nef de l’église Notre-Dame-de-l’Assomption de Finhaut, construite par l’architecte phare du Groupe de Saint-Luc, Fernand Dumas. Pour ces verrières, il collabore avec l’atelier genevois du maître-verrier Eugène Dunand (Dunand,1929).

Fernand Dumas, architecte de l’église de Finhaut, fait une nouvelle fois appel à Alexandre Cingria pour la décoration et la polychromie intérieures du sanctuaire après leur collaboration à l’église d’Echarlens dans le canton de Fribourg. Placée, comme cette dernière, sous le vocable de Notre-Dame de l’Asssomption, le thème marial est omniprésent dans la décoration du bâtiment, notamment par la récurrence de la teinte bleue (Gross, 2006, p. 15-16), utilisée également pour l’ensemble des fenêtres hautes de la nef.

Au nombre de sept de chaque côté, les fenêtres au nord sont petites et presque carrées, alors que sur la face sud elles sont hautes et étroites. Pour ces dernières, Cingria travaille avec l’atelier lausannois Chiara (Chiara,1928), avec lequel il collabore longuement et dont il devient même le directeur artistique, comme le mentionne une brochure publicitaire de 1931 produite par l’atelier (“Vitraux d’art [...]”, 1931). Les fenêtres au nord, pour des raisons qui nous ignorons, ne sont pas l’oeuvre de l’atelier Chiara, mais sont réalisées par Dunand (Dunand, 1929), qui a également dessiné et conçu les vitraux du choeur, des bas-côtés et du baptistère (Dunand, 1929). Cingria crée, comme au sud, sept verrières identiques figurant un monogramme marial couronné et rayonnant. Sur le mur d’en face, ce monogramme simplifié est répété au-dessus de chacune des colonnes. Usant d’une grande variété de verres (verre cathédrale, verres structuré, verre cannelé, cabochon), l’artiste apporte ainsi du relief à son motif procurant à chacun des vitraux un certain dynamisme.

C’est la seconde fois que Dumas fait appel à Eugène Dunand à Finhaut. Sa première collaboration avec l’artiste et maître-verrier date du milieu des années vingt pour l’église de Semsales (1924-1926). Bien qu’il envisage de travailler à nouveau avec lui pour la nouvelle église d’Echarlens (Dunand, 1925), la commande est finalement octroyée à Cingria. Mais Dumas ne l’oublie pas lorsqu’il construit l’église de Finhaut entre 1927 et 1929 (Gross, 2006, p. 11). Dunand fait la connaissance de Cingria lors de la restauration de l’église Sainte-Croix de Carouge où le verrier (Rudaz, 1998, p. 37-38) réalise en 1924 deux verrières de l’artiste genevois pour le transept : l’Invention de la Sainte-Croix (GE_04.01) et la Vision de Constantin (GE_04.03). C’est peut-être par l’intermédiaire de Cingria que le nom de Dunand est suggéré à Dumas pour l’église de Semsales.