Image commandée

GE_04.03: Vision de Constantin
(GE_Carouge_SteCroix_04.03)

Coordonnées

Prière de compléter le champ "Prénom".
Prière de compléter le champ "Nom".
Prière de compléter le champ "E-Mail".
Votre adresse e-mail n'est pas valide.

Veuillez s’il vous plaît indiquer autant d’informations que possible (titre de la publication, base de données, éditeur, nombre d’exemplaires, année de parution, etc.)

Le Vitrocentre Romont ne peut mettre à votre disposition que ses propres images. Nous ne pouvons malheureusement pas vous fournir des images de tiers. Si votre commande concerne des photographies de tiers, nous vous enverrons volontiers l'adresse de contact où vous pourrez obtenir les images.

Les données personnelles que vous avez indiquées dans ce formulaire sont utilisées par le Vitrocentre Romont exclusivement pour le traitement de votre commande d'images. La correspondance relative à la commande est archivée à des fins de traçabilité interne. Les données ne seront utilisées à aucune autre fin que celles énumérées ici, ni transmises à des tiers. En envoyant un formulaire de commande, vous acceptez tacitement cette utilisation de vos données personnelles.

Pour toute question complémentaire, veuillez contacter info@vitrosearch.ch.

Titre

Vision de Constantin

Type d'objet
Artiste
Atelier
Datation
1924
Dimensions
Env. 300 cm Ø
Lieu
Emplacement
Transept, s I
Inventaire

Iconographie

Description

Rose illustrant la Victoire de Constantin sur l’armée de Maxence. La scène circulaire est articulée par une armature métallique composant la forme d’une croix pattée autour d’un cercle central. Au centre de celui-ci, l’empereur Constantin, à cheval, voit apparaître dans le ciel une croix d’une merveilleuse clarté sur laquelle est écrit : “Par ce signe tu vaincras”. L’armée ennemie est représentée à l’arrière-plan du cercle central, faisant face à Constantin. A gauche, un personnage torse nu baigné de lumière lève ses deux mains pour frapper. 
Au premier plan du cercle extérieur figurent trois soldats, celui de gauche se retournant et se cachant le visage de son bras pour se protéger de la lumière, celui du centre de dos inclinant la tête, et le troisième à droite de trois quarts, l’air effrayé. Deux anges apparaissent dans la partie supérieure, entourant la vision miraculeuse.

Code Iconclass
11H(CONSTANTINE)341 · le songe de St Constantin le Grand avant la bataille sur le pont Milvius : un ange portant une croix lui apparaît et lui prédit la victoire
Mot-clés Iconclass
ange · dormir · songe · victoire
Inscription

EX LONGINQUIS A FRICIS AMICI CARUBIENSES (banderole en haut au centre)
HOC / SIGNO / VINCES (sous la banderole)

Signature

Aucune

Technique / Etat

Technique

Vitrail au plomb, grisaille, verre américain

Historique de l'oeuvre

Recherche

Ce vitrail est réalisé en 1924 par Alexandre Cingria et l’atelier d’Eugène Dunand à Genève, pour habiller la rose du transept sud de l’église Sainte-Croix de Carouge. 
Cette réalisation s’inscrit dans la suite de la rénovation de l’édifice, menée entre 1923 et 1924 par l’architecte genevois Adolphe Guyonnet. Après le Kulturkampf, l’édifice enfin rendu aux catholiques  romains en 1921 se trouve dans un état de délabrement tel que sa démolition est même envisagée, solution à laquelle Alexandre Cingria s’oppose vivement (Chaillot-Calame, 2001, p. 136-138). Ce fervent catholique, qui est resté attaché à Carouge tout au long de sa vie de “peintre ambulant” (Rudaz, 1998, p. 39-40), est l’un des membres fondateurs du Groupe de Saint-Luc, dont la première bouture est créée en 1919 à Genève (Groupe de Saint-Luc et Saint-Maurice, 1920 ;  Noverraz, 2022, p. 35-46). C’est en collaboration avec l’architecte Guyonnet que les artistes qui en font partie auront l’occasion d’oeuvrer à leurs premiers chantiers collectifs. Le premier d’entre eux est un prototype des expériences futures du Groupe de Saint-Luc, celui de l’église Saint-Paul de Cologny dans le quartier de Grange-Canal (1913-1915), construction qui assoit la réputation de Guyonnet (Poiatti, 2001). Viennent ensuite les rénovations de Sainte-Croix de Carouge et Saint-Jean-Baptiste de Corsier (1923-1927), dans le cadre desquelles un rôle majeur est accordé à la décoration, selon les principes animant le Groupe de Saint-Luc. 
A Sainte-Croix de Carouge, la décoration se compose principalement d’un cycle de vitraux confié à Cingria et à Eugène Dunand, ainsi que de sculptures de François Baud et Roger Ferrier (Rudaz, 1998, p. 60). L’article de Cingria intitulé “Comment restaurer l’église de Carouge”, paru en septembre 1921, a probablement servi de ligne de base pour l’établissement du programme décoratif de l’église, accordant une place centrale à la mise en valeur de la latinité du sanctuaire (Rudaz, 1998, p. 65, 114-116 ; Cingria, 1921). Dans cet article, l’artiste prévoit déjà la création de deux vitraux pour le transept, deux roses dédiées au thème de l’Invention de la Sainte Croix, qui seront réalisées par lui en 1924 avec l’atelier d’Eugène Dunand. Il s’agit de la première collaboration entre Dunand et Cingria, qui auront par la suite l’occasion de travailler à plusieurs reprises ensemble sur des chantiers liés au Groupe de Saint-Luc, notamment à Semsales (1924-1927) et Finhaut (1929). Cingria travaillera ensuite de manière privilégiée avec l’atelier Chiara de Lausanne (“Vitraux d’art [...]”, 1931). 
Pour ces deux vitraux, Cingria envisage un programme iconographique très original, déjà évoqué dans son article de 1921, inspiré de La légende de la Vraie Croix de Piero della Francesca à Arezzo, que l’artiste avait pu admirer lors de ses séjours florentins entre 1904 et 1909. Il s’agit d’un récit issu de la Légende dorée, relatant l’histoire de la Croix jusqu’à son retour à Jérusalem au VIIème siècle, où elle est rapportée par l’empereur byzantin Heraclius (Rudaz, 1998, p. 77). La rose du côté nord représente L’Invention de la Croix (GE_04.01), épisode illustrant le miracle d’un jeune homme mort ressuscité au contact de la croix, tandis que celle du côté sud met en scène l’empereur Constantin chassant l’armée de Maxence. Au IVème siècle, les deux dirigeants se battent pour obtenir le pouvoir sur l’empire romain, jusqu’à ce que Constantin parvienne à défaire l’armée de Maxence aux portes de Rome, devant le pont de Milvius traversant le Tibre. La légende raconte qu’avant la bataille, le futur empereur aurait vu apparaître une croix dans le ciel sur laquelle figuraient les mots “Par ce signe tu vaincras”. Il aurait alors fait peindre ces mots sur les boucliers des soldats et son étendard, en les surmontant du chrisme, symbole constitué des lettres “X” et “Rho” grec, désignant le nom du Christ. Cet événement marque ainsi la conversion officielle de Rome au christianisme (Zilberman, 2022). 
Pour servir cette iconographie originale, Cingria opte pour un style moderne qui caractérise son art, tout en franchissant un pas de plus dans sa compréhension de l’art du vitrail. Dans son ouvrage autobiographique “Souvenirs d’un peintre ambulant”, l’artiste explique avoir compris durant cette période du milieu des années 1920 comment exploiter au mieux les éléments constitutifs du vitrail afin de servir l’expressivité de ses compositions (Cingria, 1933, p. 112-113). Il construit ses vitraux de cette période autour de l’armature métallique, qu’il dispose en formes géométriques autour desquelles s’organise son dessin. On peut notamment évoquer son vitrail de Béatrice soulevée par l’amour (VMR_273), réalisé en 1925 pour l’Exposition des arts décoratifs de Paris, conçu autour de la forme d’un losange horizontal, ou, exemple plus tardif, son vitrail axial de l’église d’Attalens (1938), qui est entièrement composé par des losanges placés verticalement (GSL_40). A Sainte-Croix, en pleine harmonie avec le thème déployé, la structure compose la forme d’une croix pattée autour d’un cercle central. Tantôt il fait suivre à ses personnages la forme évasée des bras de cette croix (comme l’avant-bras du personnage à gauche de la scène de l’Invention de la croix, ou l’ange de droite du vitrail de la Victoire de Constantin dont la ligne du cou est du bras est dessinée par celle-ci), tantôt il choisit de disposer ses motifs librement autour de l’armature. 
Parallèlement à ces jeux de composition subtils, Cingria se sert d’un langage cubiste pour décomposer et fragmenter les éléments de ses scènes. Cette expressivité est également renforcée par le contraste des teintes, particulièrement sensible dans le vitrail de l’Invention de la Vraie Croix, où la chair bleuâtre du ressuscité ressort vivement sur le dégradé de coloris allant du rouge au brun déployé tout autour de lui en un fort contraste de teintes chaudes et froides. Pour le vitrail de Constantin, il traite les protagonistes du centre du vitrail avec du verre presque blanc afin de marquer la puissance de la lumière divine qui les baigne, incarnée dans tout le reste du vitrail par la présence importante des jaunes et or.  
D’un grand dynamisme et dans des coloris par trop outranciers aux yeux de certains, ces verrières posées en 1924 font l’objet de violentes critiques qui aboutissent à la suspension du programme par le vicaire général, Mgr Petite. Celui-ci ne peut concevoir que “les rébus de Cingria aient leur place dans les églises”, sentiment partagé selon lui par les fidèles, qui “souhaitent que l’autorité ecclésiastique arrête de transformer leurs sanctuaires en musée des horreurs” (Petite, 1927a). Mgr Besson nuance les propos du vicaire en lui disant que l’Église ne peut systématiquement refuser tout ce que Cingria réalise. Il propose d’exiger de l’artiste qu’il leur présente à chaque fois ses cartons et qu’il se plie à accepter les éventuelles modifications qui lui seraient demandées (Besson, 1927). L’artiste réalise cette année deux nouvelles verrières au-dessus des portes latérales, représentant sainte Philomène et le curé d’Ars (GE_04.02 ; GE_04.04). 
En avril 1927, le vicaire informe l’évêque du diocèse, Mgr Besson que Cingria aurait trouvé un mécène pour payer le reste des vitraux, ce qu’il ne peut tolérer (Petite, 1927b). Mgr Besson finit par faire accepter que l’artiste puisse poursuivre son travail, mais avec une contrainte de taille exigée par Mgr Petite : l’interdiction stricte de représenter des figures. Cingria doit donc se contenter de vitraux ornementaux, ce qui convient au vicaire général qui reconnaît à l’artiste un certain talent de décorateur (Petite, 1927b). Puisque seules les oeuvres ornementales lui sont autorisées, ”ni plus ni moins qu’à un musulman pratiquant”, comme il le souligne lui-même dans ses Souvenirs d’un peintre ambulant (Cingria, 1933, p. 144), Cingria cherche une solution innovante qui puisse lui permettre de poursuivre le programme consacré à l’Invention de la Sainte Croix et imagine des vues des lieux de la Légende dessinés à la manière de cartes de géographie anciennes. Ces verrières, réalisées avec Emilio Maria Beretta, seront déposées en 1973-1975 lors de la transformation de l’église Sainte-Croix de Carouge et replacées en 1977 dans la chapelle de la paroisse Sainte-Marie-du-Peuple à Châtelaine (par exemple GE_28.03).

Datation
1924

Bibliographie et sources

Bibliographie

Baertschi, P. et Schmid, I. (1989). Carouge, Ville nouvelle du XVIIIe siècle : étude et textes : relevé 1986-1987 (Architecture et sites genevois, vol. 2). Genève, Suisse : Département des travaux publics / Service des monuments et sites.

Besson, M. (1927, 30 janvier). [Lettre à Eugène Petite]. Archives du Vicariat de Genève, Suisse.

Chaillot-Calame, B. (2001). Église Sainte-Croix. Dans J.-M. Marquis (dir.), Urbanisme et architecture à Carouge (dictionnaire carougeois, tome IIIa, p. 130-141). Carouge, Suisse : Ville de Carouge.

Cingria, A. (1921, 11 septembre). Comment restaurer l'église de Carouge ?. Courrier de Genève.

Cingria, A. (1933). Souvenirs d'un peintre ambulant. Lausanne, Genève, [etc.], Suisse : Payot.

Noverraz, C. (2022). Le Groupe de Saint-Luc (1919-1945) : expression et quête d'identité d'une Société artistique catholique dans l'Europe de l'entre-deux-guerres [thèse de doctorat inédite]. Université de Lausanne.

Petite, E. (1927a, 24 janvier). [Lettre à Mgr Marius Besson]. Archives du vicariat de Genève (AVG), Suisse.

Petite, E. (1927b, 13 avril). [Lettre à Mgr Marius Besson]. Archives du vicariat de Genève (AVG), Suisse.

Poiatti, M. (2001). L’église de Saint-Paul Grange-Canal, Genève (Guides de monuments suisses, 70, 696). Berne : Société d’histoire de l’art en Suisse.

Rudaz, P. (1998). Carouge, foyer d’art sacré, 1920-1945. Carouge, Suisse : Ville de Carouge.

Vitraux d’art. Industrie suisse. Exécutés par la Maison Chiara de Lausanne sur les projets et avec la collaboration d’Alexandre Cingria [Catalogue publicitaire]. (1931). Centre des littératures en Suisse romande (CLSR), Lausanne, fonds Alexandre Cingria.

Zilberman, J.-F. (2022, 24 octobre). 28 octobre 312. Constantin bat Maxence au pont Milvius. Herodote.net. https://www.herodote.net/28_octobre_312-evenement-3121028.php

Informations sur l'image

Nom de l'image
GE_Carouge_SteCroix_04.03
Crédits photographiques
© APAS (Association pour la Promotion de l'Art Sacré), Genève – photographe : Cyrille Girardet, Veyrier
Date de la photographie
2006
Copyright
© Ayants droit

Inventaire

Numéro de référence
GE_04.03
Auteur·e et date de la notice
Valérie Sauterel 2008 ; Camille Noverraz 2023