Provenant de la collection T. Anstey Guthrie dont l’ensemble a été légué au Victoria and Albert Museum en 1934, le vitrail était considéré lors de son entrée dans les collections comme suisse et daté de 1551, comme indiqué sur le cartouche inférieur (V&A, documentation, état du 20 décembre 2013 ; sur le legs, voir ibid., inv. C.73-1934).
L’inscription latine „Hec omnia tibi dabo si cadens adoraviris me“ qui figure au-dessus de l’homme en prière est tirée de l’Evangile selon Matthieu : elle signifie „Je te donnerai toutes ces choses, si tu te prosternes et m’adores“ (Matt. 4:9).
Famille noble du village du même nom, situé dans le canton de Berne, deux branches des Courtelary se distinguent par leur surnom : les Compagnet, de 1317 à 1453, et, la plus importante, les Aler (Haller, Allard), dès 1297. Cités en 1173, les Courtelary s'établirent peu à peu, au gré des alliances, à Bienne et ses environs, à La Neuveville, dans le Seeland et le comté de Neuchâtel. Ils exercèrent les charges de bourgmestre de Bienne (Henry 1345, Ulrich 1356, Jean 1381, Richard 1429), bailli de Cerlier (Jean 1422), châtelain du Schlossberg (Ulrich 1372, Ulrich 1438), châtelain du Landeron (Ulrich 1414, Jean 1439-1465). Plusieurs furent moines à Fraubrunnen, Frienisberg, Bellelay, d'autres chanoines à Saint-Imier, Saint-Ursanne, Neuchâtel. La famille s'éteignit en 1559 avec Bourcard. Le nom de Courtelary fut repris en 1653 par le bailli d'Erguël Jean Henri Thellung, à la suite de son anoblissement par l'empereur Ferdinand III (Beuchat-Bessire et Krüttli 2005, consulté le 24 février 2021).
Fils de Franz Haller de Courtelary et d’Anna von Erlach, Boucard de Courtelary naquit à Neuveville (NE) à une date indéterminée et mourut le 12 octobre 1558, suite à un accident. Après 1531, il épousa à l’âge de 27 ans environ Barbara von Eptingen, veuve de Valentin von Luternau. Boucard de Courtelary se distingua en sa qualité de capitaine au service de France, ce que rappelle l’armure que porte le donateur dans le vitrail de Londres.
L’emplacement d’origine de ce vitrail n’est pas établi.
En 1935, Hans Lehmann attribua ce dernier au peintre-verrier bernois Mathias I Walther (1517-1601). En 1952, Paul Boesch souscrivit cette proposition (V&A, documentation, état du 20 décembre 2013).
Cette attribution reste cependant très fragile dans la mesure la seule oeuvre signée et datée de ce peintre-verrier date de 1563 : il s’agit d’un cycle fragmentaire de huit scènes représentant le Notre Père, conservé à l’église protestante d’Einigen (BE), où l’on retrouve cependant la figure du diablotin, avec ses oreilles pointues, ses bras ailés et ses mains en forme de serres de rapaces, ainsi que cette manière stylisée de réaliser les visages masculins, caractérisés par des lèvres charnues, des barbes fournies, des yeux légèrement tombants, surmontés d’un fin sourcil ondulant qui se termine en pointe (cf. Hasler, Keller et Bergmann 2016, BE_200, consulté le 24 février 2021).
Cependant, une confrontation du panneau de Londres avec les autres oeuvres verrières et graphiques attribuées à ce peintre-verrier paraît moins évidente, en l’occurence un rondel historié aux armes de Hans Steiger représentant l’histoire de Jonas (Berne, Musée historique – cf. Hasler et Keller 2016, BE_859, consulté le 24 février 2021), un dessin préparatoire à un rondel représentant un autre épisode de cette même histoire (Berne, Musée historique, inv. 20036.137 – cf. Hasler 1996/97, cat. 179), deux vitraux historiés, l’un aux armes de Seth Noe Wölfllin et l’autre, aux armes de Philipp Sinner (Zurich, Musée national suisse – cf. Scheiddegger 1947, p. 60-66) et un dessin préparatoire à un vitrail historié aux armes de la famille Grebel (Berne, Musée historique – cf. ibid.)
Par conséquent, sans l’exclure, cette proposition d’attribution doit être considérée avec la plus grande prudence, d’autant plus que l’écart chronologique qui sépare le panneau de Londres du cycle de vitraux de l’église protestante d’Einigen reste important.