Le carton se compose de trois scènes superposées relatant différents épisodes de la vie de Nicolas de Flüe, inscrites dans des quadrilobes.
En haut au centre, saint Nicolas de Flüe, de profil et les mains croisées sur sa poitrine, est genouillé devant un prêtre qui lui offre l’hostie de l’Eucharistie. Derrière eux à gauche et à droite, figurent des rochers sur lesquels s’érigent des arbres. Cette scène, peinte sur papier calque, est collée au centre du quadrilobe supérieur.
Au centre, saint Nicolas de Flüe, vêtu en robe de bure, est debout au milieu de soldats qui ont une discussion animée. Il lève sa main droite pour les arrêter tout en s’appuyant sur une canne de sa main gauche.
En bas, Nicolas de Flüe est debout de trois quarts, tenant une canne de sa main droite. Il regarde sa femme à sa gauche, qui tient un bébé dans ses bras. Deux enfants en bas âge les entourent. Il est sur le point de quitter sa famille pour se retirer en tant qu’ermite à Ranft.
Une fine triple bordure encadre chacune des trois scènes sur un fond de motifs colorés rouges et bleus. Une large bordure extérieure composée de motifs géométriques entoure le tout.
Au centre à droite, un papier calque a été collé pour une correction dans les motifs géométriques bleu et rouge.

Ce carton en couleur est la version définitive (à quelques détails près), proposée par l’artiste Jean-Edouard de Castella pour le vitrail consacré à la vie de Nicolas de Flüe pour la seconde fenêtre du bas-côté nord-est de l’église Saint-Nicolas de Semsales.
L'artiste fribourgeois cherche, dès 1923, à se faire confier l’ensemble des douze verrières de la nef de l'église de Semsales. Dans une lettre adressée au curé Chanex en juillet 1923, il dit avoir “parlé avec Monsieur Dumas à diverses reprises de ces vitraux” et le croit “assez disposé à user de [sa] collaboration pour cette partie de la décoration, sans toutefois jusqu’ici en avoir eu la confirmation définitive” (Castella, 1923). Le travail lui est confié en juin 1924 et il présente à l'architecte Fernand Dumas et à l’artiste toscan Gino Severini, responsable de la décoration générale de l’édifice, plusieurs maquettes qu’ils refusent jusqu’au printemps 1925, ne les trouvant pas suffisamment bonnes. Dumas arrive finalement à convaincre l’artiste de céder la moitié du travail au Carougeois Eugène Dunand (Radin, 2011, p. 31-33). Castella réalise les six vitraux du collatéral nord et Dunand les sept du collatéral sud. Dumas doit défendre auprès de la Commission de bâtisse cette répartition qui lèse le Fribourgeois d’un vitrail (Rudaz, 1997, p. 79).
Les six verrières de Castella sont posées par l’atelier Kirsch et Fleckner en octobre 1925, comme l’indique une facture de l’atelier fribourgeois (Kirsch et Fleckner, 1925).
Le premier projet (KF_1023) présente les mêmes scènes de la vie du saint, à l’exception de la scène supérieure montrant saint Nicolas de Flüe agenouillé devant un autel et une hostie rayonnante. Cette première version présente surtout les scènes dans un encadrement totalement différent, une croix de Saint-Thomas, identique à celle choisie pour le vitrail de saint Jean-Baptiste.
La comparaison avec le vitrail nous permet de constater que Castella, certainement à la demande de l’architecte Fernand Dumas et peut-être du curé, a modifié des détails pour les deux scènes supérieures. Pour la scène de l’Eucharistie, l’arrière-plan a été simplifié, trois plantes remplaçant les arbres juchés sur les rochers, alors que la gestuelle des deux protagonistes a également été repensée. Ces changements figurent sur une esquisse sur papier calque indépendante (KF_1745). D’ailleurs, un dessin antérieur figurait sur ce carton KF_1203, qui a été recouvert par une seconde variante collée sur le carton. Pour la scène de la Diète de Stanz, ce sont des changements plus infimes qui ont été réalisés, principalement sur les visages des personnages. Ceux-ci font aussi l’objet d’un autre dessin sur papier calque (KF_1746).