Ce carton en couleur est le modèle précis à l’échelle 1:1 de la partie supérieure du vitrail consacré aux Rois mages, la Nativité et les bergers pour la troisième fenêtre à gauche dans la nef de la chapelle de la Paix à l’église Sainte-Thérèse dans le quartier de Champel à Genève.
L’église Sainte-Thérèse, construite en 1944-1945, est l’œuvre des architectes Adolphe Guyonnet, Marcel de Mirbach et Louis Tréand (Brulhart et Deuber-Pauli, 1993). Dès 1946 et jusqu’en 1964, l’atelier fribourgeois d’Herbert Fleckner réalise l’ensemble des vitraux du sanctuaire à partir des cartons de Jean-Edouard de Castella, Théodore Strawinsky, Jacek Stryjenski, Danuta Stryjenska et Jean Roll. Toutes les verrières pour la chapelle de la Paix sont l’oeuvre de Jean-Edouard de Castella.
Des croquis, maquettes et cartons des vitraux de Castella pour cette chapelle sont présentés au Musée d’art et d’histoire de Fribourg en 1948 lors d’une exposition personnelle de l’artiste (”J. E. de Castella : Catalogue”, 1948). Aujourd’hui l’ensemble des cartons pour ce cycle, à l’exception de deux panneaux, fait partie du fonds d’atelier Kirsch et Fleckner. Il existe pour la rose de la Vierge à l’Enfant quatre cartons représentant les parties gauche et droite du vitrail. Après une étude de ceux-ci, nous pouvons dire que l’artiste a fait des modifications de couleurs pour certains verres en collant différents types de papier (papier de soie, papier cadeau et papier texturé) sur les deux premiers cartons (KF_1029 et KF_1407). Sur les cartons définitifs (KF_1140 et KF_1141) il a confirmé ces modifications de teintes tout en apportant encore d’autres petites adaptations. Il apparaît également qu’il a beaucoup hésité sur l’expression du regard à donner à sainte Anne dans la scène de la Visitation en bas au centre. Celui-ci est différent non seulement sur les deux cartons mais aussi sur le vitrail où il a choisi encore une autre option.
Ce cycle pour la chapelle Notre-Dame de la Paix à l’église Sainte-Thérèse est la dernière réalisation sacrée de Castella en Suisse. C’est l’une des deux oeuvres maîtresse de l’artiste avec le grand cycle de l’église Saint-Pierre à Fribourg qu’il a terminé en 1945. Comme à Saint-Pierre, il a su allier avec beaucoup de finesse un trait fin souvent réduit à l’essentiel à un coloris très subtil où les teintes se juxtaposent dans une variation infinie de tons et en même temps dans des contrastes forts permettant une mise en lumière des éléments essentiels dans chaque scène.