Ces portraits antiquisants peuvent être identifiés comme ceux d’un dignitaire romain et de sa femme. Au milieu du XVIe siècle, les thèmes issus de l’Antiquité sont très appréciés (Hasler, 2002, p. 178) et remplacent souvent les sujets religieux. A Genève, Lapaire (2008, p. 29) rapporte que des portraits sculptés d’empereurs romains côtoyaient ceux de notables de la fin du XVIe siècle sur les clés de voûtes de l’hôtel de ville.
Tout comme le médaillon provenant de la Madeleine à Genève (GE_2039), le style de cette peinture sur verre se rapproche de l’esthétique de Fontainebleau, ce qui l’inscrit dans le paysage humaniste de la Renaissance (Aballéa, 2010, p. 136). Selon Lapaire (2008, p. 29), leur exécution, moins fine que le médaillon de la Madeleine, et leurs rehauts rappellent les émaux de Léonard Limousin.
Quoique de facture et de style différents, six portraits en buste d’hommes et de femmes peints à la grisaille et au jaune d’argent sur des médaillons monolithes de petit format présentent des similitudes avec le présent vitrail. Attribuée au peintre verrier zurichois Carl von Egeri (1510/1515-1562) connu pour avoir réalisé une autre série de bustes à l’antique, la série est insérée dans le remplage d’une fenêtre de l’aile ouest du cloître du monastère de Muri (Hasler, 2002, p. 178-179, West VI). Tous portent des costumes de théâtre de la Renaissance, inspirés de la Rome antique (Hasler, 2002, 178). Selon Hasler (2002, p. 178, fig. 40), ces médaillons ont à l’origine été conçus par paires, afin de former des couples, disposés de manière à se regarder l’un l’autre, à l’instar des deux médaillons de l’Ariana.
D’après Aballéa (2010, p. 136), le peintre verrier qui a réalisé ce vitrail pourrait être un artisan protestant français venu se réfugier à Genève, à l’instar de Gabriel Pellerin (attesté entre 1541 et 1572), ou alors un Genevois sous l’influence de ce groupe, tel Pierre Favre (vers 1527-1567). Au milieu du XVIe siècle, tous deux ont exécuté des verrières pour divers édifices religieux et profanes genevois, parmi lesquels le temple de l’Auditoire pour Favre (Aballéa, 2010, p. 136). En l’absence de signature et de comparaison avec d’autres réalisations de cet artiste, cette attribution ne peut pas être confirmée. L’auteur des médaillons demeure inconnu.
Ce panneau provient du Temple de l’Auditoire à Genève. En 1536, Calvin désacralise l’église de l’Auditoire et en fait une salle de théologie réformée qui tient une place centrale dans l’université qu’il fonde à Genève. Le réformateur y enseigne dans les années 1550, tout comme ses successeurs. Le bâtiment entier a été rénové entre 1947 et 1959, date à laquelle l’Auditoire accueille à nouveau le culte protestant (Borel, Wyler & Zembok, 2010, p. 3).
Cité dans :
MAH, 1924, p. 14-15.
Deonna, 1925, p. 336, n° 8.
Deonna, 1929, p. 85, n° G 925.
Lapaire, 2008, p. 29, n° 28.
Aballéa, 2010, p. 136-137 et 212-213.