Vitrail rectangulaire inséré dans une fenêtre à cives, représentant au centre le Christ crucifié sur un fond de nuées, accompagné d’un phylactère comportant une inscription latine. Le mauvais état de la partie basse ne permet pas d’identifier le reste de la représentation. La scène s’inscrit dans un cadre architectural composé de deux colonnes soutenant une arche sur laquelle est inscrite une citation biblique tirée d’Esaïe 44. Devant les colonnes figurent à gauche saint Pierre et à droite sainte Catherine, en possession de leurs attributs. Dans la partie inférieure figure un écu armorié au centre d’un entablement architectural accompagné de part et d’autre d’une inscription du donateur.

Corrosion, la peinture s’efface, marques de cuisson “o”, restauré en 2022 par l’atelier Pinto (compléments et plombs de casse).

Le vitrail a été donné par Pierre Gutheil alors qu’il était chanoine de Sion et vicaire de Naters en Valais. Un dénommé Pierre Gutheil, fils de Johannes de Finnen, est attesté au XVIe siècle comme chanoine de Sion et chapelain de Naters (GVO, 1896-1901, p. 275-276 ; DHBS, 1934, p. 713). La figure de Pierre apparaît ainsi en tant que saint patron du nom du donateur, tandis que Catherine figure probablement sur le vitrail en qualité de sainte patronne du canton du Valais. La famille Gutheil, originaire d’Eggerberg, possède des armoiries bien différentes de celles représentées sur le vitrail, qui se rapprochent plus de celles des Truffer de Mund, commune voisine d’Eggerberg.

En raison du mauvais état de la représentation centrale et de l’inscription, il n’a pas été possible d’identifier l’auteur du vitrail, ni d’entrevoir l’utilisation de modèles iconographiques. La citation biblique inscrite dans la partie supérieure du panneau est issue du chapitre 22 du livre d’Esaïe. Les transgressions et péchés, comparés dans le texte à des nuages qui peuvent être dispersés, apparaissent ici représentés par des nuées bleues, blanches et violettes, sur le fond peint au jaune d’argent. Le fragment de phylactère qui apparaît à gauche du Christ crucifié semble se rapporter à un psaume. Destinée à prier le seigneur d’être lavé de ses péchés, la citation biblique laisse penser que le commanditaire était peut-être représenté agenouillé au pied de la croix, dans la partie inférieure aujourd’hui restaurée et peinte de manière indistincte.

Selon les anciens inventaires, le vitrail provient de la commune de Saint-Léonard en Valais. La représentation et la citation biblique invitent à penser que ce vitrail était à l’origine destiné à orner les baies d’un édifice religieux. Il pourrait s’agir de l’église dédiée à saint Léonard, attestée dès le XIe siècle (Truffer, 2012). Devenue paroisse dès 1200, elle a par la suite été dépendante du chapitre de Sion, ce qui pèse en la faveur d’une donation de Gutheil à cette église, puisqu’il occupait entre autres la fonction de chanoine de Sion au moment de la donation. Si le vitrail donné par Gutheil avait pour emplacement d’origine cette église, il a sans doute été ôté des baies et vendu à l’occasion des travaux de transformation survenus vers 1890 (Truffer, 2012).