Le vitrail d’alliance se divise en trois registres. Dans la partie centrale figurent deux arches en plein cintre supportées par des colonnes, sous lesquelles sont représentés deux écussons accolés, tous deux surmontés d’un heaume empanaché. En cimier de celui de gauche, un protomé de lion tient une épée dans ses pattes, tandis qu’à droite un buste d’homme présente une bague. Dans la partie supérieure figurent à gauche deux personnages jouant du fifre et du tambour et à droite un joueur de tambour et un officier portant une bannière. Dans la partie inférieure se trouve un cartouche avec une inscription des donateurs.

Quelques fentes, quelques plombs de casse, marque de cuisson “z”, traces de restauration du XIXe siècle ou du début du XXe siècle, quelques compléments modernes (écoinçons et bas des armes Legoux).

Ce vitrail d’alliance a été donné en 1611 par le couple Jean Legoux et Marie Lefèvre, comme l’indique l’inscription. Jean Legoux possédait les titres de capitaine militaire, d’intendant du château de Coppet et de châtelain administrateur de la justice sur la baronnie de Coppet. Les fonctions de châtelain et de concierge allaient souvent de paire à cette époque. Les armes permettent de le rattacher à la branche des Legoux originaire de Besançon en France, qui avait fuit à Neuchâtel pour des raisons religieuses vers 1577 (Deonna, 1953, p. 70).

Le style et la composition du vitrail le rapprochent des créations du peintre verrier bernois Hans Jacob Hübschi (vers 1540-vers 1619) et plus particulièrement du panneau bernois qu’il a exécuté pour l'hôtel de ville de Lucerne, aujourd’hui conservé au Musée historique de la même ville (Galliker, 2009, p. 17). Deux autres vitraux extrêmement similaires pourraient être issus du même cycle. Un panneau non daté, aujourd’hui perdu, présente les armoiries d’alliance de Nicolas de Diesbach et de Madeleine de Wattenwyl (cf BHM Berne, photo 29446 ; dont calque de Hans Drenckhahns au Vitrocentre Romont, dossier 1). Un autre, daté de 1608, présente l’alliance et les armes du couple Albrecht Manuel et Magdalena Nägeli (BE_1537). Deux autres panneaux datant de 1613 se basent pour l'essentiel sur le même modèle. Il s'agit de vitraux armoriés attestant de l'alliance d'Anton Tillier et de Katharina von Wattenwyl (BE_6362), ainsi que d'Albrecht Manuel et Magdalena Nägeli (BE_6433). Ces deux panneaux plus récents se distinguent toutefois de ceux précédemment cités par leur style et leur écriture plus ornementale, et peuvent ainsi être attribués à un élève anonyme de Hans Jakob Hübschi.

Le lion tenant l’épée renvoie aux fonctions de justicier du donateur, les scènes dans les écoinçons (quoiqu’elles ne semblent pas être d’origine) renvoient à ses fonctions militaires de capitaine, tandis que la bague mise en évidence par le buste masculin renvoie soit à son union avec Marie Lefèvre, soit à un anneau-cachet, symbole de secret et de fidélité relatif à sa fonction de concierge (Deonna, 1937, p. 72). Compte tenu des vitraux analogues réalisés par Hübschi pour célébrer des alliances, la première option doit être privilégiée.

L’emplacement d’origine du vitrail n’est pas connu. La seigneurie de Coppet, devenue baronnie en 1484, est passée en mains bernoises vers 1543. Berne la revend et l’inféode en 1601 à Lesdiguières, chef du parti calviniste de France et capitaine de Henri IV devenu lieutenant général en Dauphiné. Il ne s’en est séparé qu’en 1621 (Bory, 1998, p. 72-73). Le vitrail, daté de 1611 a par conséquent été réalisé du temps où Coppet appartenait encore à Lesdiguières (Deonna, 1953, p. 71).

Cité dans :

• Musée d'art et d'histoire, 1952, p. VI.

• Deonna, 1953, p. 70-72.