Les armoiries représentées sur ce médaillon ont tout d’abord été identifiées comme étant celles de la ville de Toulon, en France (1912, p. 8). Les armes ne correspondant pas tout à fait (lambel et couleur), il pourrait plutôt s’agir de celles de la famille noble de Toulon (ou Toullon), issue de Lorraine.
Le panneau présente des similitudes au niveau du format, de la composition, de l’iconographie et du style avec deux médaillons aux armes des familles de Craincourt (inv. MMA 17.40.5 ; https://www.metmuseum.org/art/collection/search/193347) et de Savigny (inv. MMA 17.40.6 ; https://www.metmuseum.org/art/collection/search/193348), aujourd’hui conservés au Metropolitan Museum of Art (MET) à New York. Tous deux font partie d’un ensemble de sept fenêtres, conçu entre 1531 et 1533 pour orner les baies du choeur de l’église du prieuré bénédictin de Saint-Firmin à Flavigny-sur-Moselle, en Lorraine (Hérold & Gatouillat, 1994, p. 72). Les vitraux ont été commandés par Wary de Lucy († 1557), prieur de 1510 jusqu’à sa mort, au peintre verrier établi à Metz Valentin Bousch (c), actif dès 1514 et considéré comme l’un des maîtres verriers les plus importants de la Renaissance dans le nord-est de la France (Hérold & Gatouillat, 1994, p. 72). Le programme iconographique illustrait l’histoire de l’humanité, avec les épisodes de la Nativité ou de l’Annonciation (?) (perdu avant 1877), de Moïse et les tables de la Loi (inv. MMA 17.40.1a–r) aujourd’hui au MET, de la Crucifixion, aujourd’hui dans les baies de l’église Saint-Joseph à Stockbridge dans le Massachusetts, du Déluge (inv. MMA 17.40.2a–r) également au MET, de la Création et la Chute de l’Homme, aujourd’hui conservés dans une collection privée à Langley, en Colombie-Britannique, ainsi que de la Résurrection ou de la Cène à Emmaüs (?) et du Jugement dernier (?), tous deux aujourd’hui perdus (Hérold & Gatouillat, 1994, p. 72-73).
Selon Hérold et Gatouillat (1994, p. 73), les vitraux aux armes de Savigny (Jeanne de Savigny était la grand-mère du donateur) et de Craincourt (Claude de Craincourt était la mère du donateur) ornaient à l’origine la partie basse de la baie de la Création et de la Chute de l’Homme, datée 1533 et signée Valentin Bousch, aux côtés d’un médaillon aux armes de la famille de Toulon, à l’époque signalé perdu, mais qui correspond au présent médaillon.
Un dessin conservé à la bibliothèque municipale de Nancy (Fonds Abel, carton 152, reproduit dans Isler-de Jongh, 1998, p. 156) représente la fenêtre intacte, avant sa vente. Dans la partie inférieure, trois écus armoriés sont illustrés côte à côte, insérés dans des couronnes au-dessus de trois cartouches portant les noms des familles représentées. Celui de gauche est laissé vide, celui du centre figure les armes et le nom de Lucy (peut-être GE_2018 ?) et celui de droite ceux de Savigny. Si ce dernier correspond au médaillon conservé au MET (inv. MMA 17.40.6), l’identification des deux autres demeure incertaine, car ceux connus aux armes de Toulon (GE_2019) et de Craincourt (inv. MMA 17.40.5) figurent le nom de la famille à l’intérieur de la couronne et pas au-dessous de celle-ci. Il est dès lors possible que ces deux derniers aient à l’origine orné la partie basse d’une autre fenêtre de cet ensemble, non identifiée à ce jour.
Le présent panneau a été acheté par la Société Auxiliaire du Musée qui en a fait don en 1912 au Musée d’art et d’histoire (MAH) de Genève. Le rapport de 1912 mentionne qu’il s’agit d’un “vitrail français, acheté à un collectionneur de la région” (1912, p. 8), tout comme le médaillon aux armes de Toulon (GE_2019). En 1877, quatre verrières et quelques panneaux du tympan sont encore attestés dans l’église du prieuré de Flavigny-sur-Moselle (Hérold & Gatouillat, 1994, p. 72). Ce n’est que peu avant leur expulsion en 1904 que les moines bénédictins de Saint-Eustase, qui occupaient les lieux, ont mis en vente le mobilier liturgique de l’église, comprenant les vitrages qui avaient survécus jusque-là (Isler-de Jongh, 1998, p. 153). Trois baies sont attestées en France jusqu’en 1907 et ne semblent avoir rejoint les États-Unis que peu avant la Première Guerre mondiale (Isler-de Jongh, 1991, p. 76). La verrière aujourd’hui à Saint-Joseph faisait en 1913 partie d’une collection privée new-yorkaise. Les deux fenêtres et les quatre médaillons conservés au MET n’ont été acquis qu’en 1917.
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