L’église Saint-Pierre de Fribourg représente l’un des chantiers les plus importants pour le renouveau de l’art sacré dans le canton de Fribourg. Elle est construite entre 1928 et 1931 par l’architecte fribourgeois Fernand Dumas, membre phare du Groupe de Saint-Luc, gagnant d’un concours lancé en 1924 (Lauper, 2008a, p. 12, 19).
Le 27 mai 1931, dès la fin de sa construction, un concours est lancé pour sa décoration, véritable entreprise qui rassemble un grand nombre d’artistes et dont l’achèvement prendra plus de vingt ans (Lauper, 2008b, p. 27). Plusieurs membres du Groupe de Saint-Luc y prennent part, dont l’artiste toscan Gino Severini, et plusieurs artistes fribourgeois affiliés à la SPAS (Rudaz, 2008a, p. 32-33). C’est Severini qui est choisi pour la décoration générale de l’édifice, tandis que la décoration des trois chapelles aménagées dans le collatéral gauche est confiée à une poignée d’autres artistes qui oeuvreront à différentes périodes.
Celle consacrée à sainte Thérèse de Lisieux, réalisée entre 1945 et 1949, est décorée par l’artiste fribourgeois Jules Schmid, un paroissien de Saint-Pierre. Il conçoit une peinture murale en guise de retable au dessus de l’autel et un vitrail ornant l’oculus de ce petit lieu de prière. Alors que la peinture illustre au centre la carmélite de face sur des nuées, entourée d’anges avec des scènes inférieures représentant deux épisodes importants de sa vie (sa guérison et l’apparition de la Vierge qui lui sourit le 13 mai 1883 à gauche, ainsi que sa visite auprès du pape Léon XIII en 1887 pour lui demander le droit d’entrer au Carmel), le vitrail la dépeint en tant que patronne des Missions (Rudaz, 2008b, p. 50).
Stylistiquement, le vitrail exprime une certaine rigueur et une forme de classicisme, autant dans le dessin que dans les options prises pour les coloris, où les rouges (ocre) et les bleus dominent. Quant au choix du sujet, celui-ci est original et rare, les verrières ayant la sainte pour thème, qui sont fréquentes dans les églises catholiques des cantons de Fribourg et du Valais durant la première partie du XXème siècle, la présentant généralement seule et en buste.
Pour la décoration de la chapelle, Schmid a souhaité une harmonie chromatique d’ensemble, ayant imaginé la peinture murale et l’oculus dans des teintes identiques, bien que plus vives dans le vitrail.
Le carton ayant servi à la réalisation de ce vitrail (VMR_1218), aujourd’hui conservé au Vitromusée Romont, indique qu’aucun changement notable n’a été opéré sur la verrière, si ce n’est le voile de la sainte, qui est noir avec des nuances de gris alors que sur le projet définitif ce sont des variations de rouge et de bleu qui dominent.
Contrairement à d’autres artistes fribourgeois de la même génération, le vitrail n’a été qu’une activité accessoire dans la carrière de Jules Schmid. Rares sont en effet ses réalisations verrières en dehors de cette oeuvre pour Saint-Pierre. Son cycle verrier le plus important a été exécuté pour l’église Saint-Laurent à Charmey en deux phases : une première pour les vitraux du choeur entre 1938 et 1944 et une seconde en 1960 pour les verrières de la nef, l’ensemble ayant été réalisé par l’atelier d’Herbert Fleckner (Lauper, 2012, p. 130). Il imagine les vitraux de la chapelle Saint-Joseph à Im Fang en 1945 (Lauper, 2012, p. 134), alors qu’en 1948, l’église de Schmitten le mandate avec Cattani pour la réalisation des vitraux de la nef (Lauper, 2012, p. 356).