Le rondel provient d’une collection privée anciennement conservée en Allemagne méridionale. Il a été vendu en 2005 à Cologne, par la maison de vente Lempertz (après le 28 avril, lot 200 – cf. Romont, Vitrocentre Romont, documentation, inv. VMR 10020, consulté le 4 avril 2022). Il a été acheté à cette occasion par un collectionneur établi en Allemagne qui l’a vendu en 2019 au Vitrocentre Romont, avec 28 autres pièces, toutes datant des XVe et XVIe siècles et provenant des anciens Pays-Bas voire, pour quelques-unes d’entre elles, des pays germaniques (Romont, Vitromusée Romont, documentation, inv. VMR 911, consultée le 4 avril 2022).Le rondel représente des bourgeois, élégamment vêtus, s’adonnant à la pêche dans un paysage dont la topographie ainsi que l’architecture rappellent les pays du nord des Alpes. En 2008, Klaus Tiedemann rapprocha l’iconographie d’une xylographie représentant, dans la partie inférieure, une scène de pêche et, dans la partie supérieure, la déesse de la lune assise sur un char tirée par deux figures féminines (Tiedemann 2008, p. 66 ; id. 2009, p. 128 – cf. Londres, Biritsh Museum, Prints & Drawings, inv. 1895,0122.296). Datée vers 1531, cette xylographie fait partie d’un cycle de sept gravures dédiées à l’influence des sept planètes sur les activités terrestres et humaines, tantôt attribuées à (Hans) Sebald Beham (1500-1550), tantôt données à Georg Pencz (v.1500-v.1550). Sur cette base, Tiedemann émit l’hypothèse selon laquelle le rondel de Romont ferait partie d’un cycle semblable (ibid.), ce qui paraît toutefois peu probable.
En effet, le rondel de Romont est dépourvu de toute référence astrale ou divine. Celui-ci semble davantage s’inscrire dans une représentation des activités humaines, lesquelles peuvent effectivement se décliner en mois voire saisons de l’année. À défaut toutefois de pendant identifié, ce vitrail doit provisoirement être considéré comme une oeuvre autonome. Durant l’Antiquité, au Moyen Âge et enfin à la Renaissance, l’art cynégétique généra en effet de nombreux traités et objets d’art, dans des domaines des plus variés, dont la pêche, à l’instar d’un dessin préparatoire aux médaillons de la Sala dei Venti du Palazzo Te, traditionnellement donné à Giulio Romano (v.1492-1546) et daté vers 1527-1528 (Paris, Musée du Louvre, département des Arts graphiques, inv. 3561), ou, dans le domaine du vitrail, de rondels réalisés d’après la série de dessins d’Augustin Hirschvogel (1503-1553) représentant tous des scènes ainsi que des techniques de chasse. Or, l’invention du vitrail de Romont constitue effectivement une copie assez fidèle d’après d’un dessin d’Hirschvogel, daté entre 1530 et 1536 et aujourd’hui conservé au Musée des beaux-arts de Budapest (Szepmuveszeti Muzeum, Grafikai Gyűjtemény, inv. 119).
En 2008 puis en 2009, Tiedemann proposait de rapprocher le vitrail de Romont de la production de l’Allemagne méridionale et de le dater vers 1540 (Tiedemann 2008, p. 66 ; id. 2009, p. 128). Cette proposition d’attribution a été peut-être formulée sur la base de la provenance de l’oeuvre (avant 2005, Allemagne méridionale, collection privée). Elle reste toutefois difficile à confirmer ou à infirmer. À titre d’hypothèse, le rondel pourrait toutefois être rapproché de la production de Nuremberg dans la mesure où il constitue une copie assez fidèle du dessin réalisé entre 1530 et 1536 par Hirschvogel, avant son départ pour Ljubljana. La datation proposée, entre 1530 et 1540, n’est en outre pas contredite par la technique. Une exécution germanique serait en outre confortée par l’emploi de la sanguine, moins employée dans les anciens Pays-Bas pour ce type de rondel.
Avant 2005, Allemagne méridionale, collection privée ; 2005 (avril ?), Cologne, Kunsthaus Lempertz, lot 200 ; Eppelheim, collection Klaus Tiedemann, inv. 58 ; 2019, Romont, Vitromusée Romont.