Avec le VAM_108 et le VAM_109, le vitrail fait partie d’un lot de trois vitraux achetés en 1921 par le Victoria and Albert Museum à un collectionneur privé de Londres. Lors de son entrée dans les collections du Victoria and Albert Museum, il était considéré comme suisse et daté de 1617, comme indiqué sur le cartouche inférieur (V&A, documentation, état du 20 décembre 2013).
Bien que fragmentaire, la partie supérieure gauche montre une figure emblématique des mythes fondateurs de l’ancienne Confédération helvétique : Arnold Winkelried surnommé Struchan (ou Struthan) tuant le dragon de la caverne près d’Oedweiler. Cette figure héroïque est souvent accompagnée d’une autre figure mythique, qui pourrait à l’origine avoir occupé la partie supérieure droite du panneau, remplacée à une date indéterminée : à savoir Konrad Baumgartner d’Altzellen tuant le bailli Wolfenschiessen après que celui-ci avait tenté de violer sa femme durant son absence, à l’instar d’un vitrail cantonal aux armes d’Unterwalden, daté de 1551 et également conservé au Victoria and Albert Museum de Londres (VAM_55).
Le donateur Matthäus Naegeli n’a pas pour l’heure pu être identifié dans les archives. En revanche, l’écu armorié, qui accompagne sa représentation, correspond bien à la famille Nägeli, un patronyme documenté à Rapperswil (ZH) qui pourrait originellement provenir d’Allemagne (cf. Kull 1855, non paginé).
L’emplacement d’origine de ce vitrail n’a pas pu être établi. Une provenance de la région de Rapperswil (ZH) est cependant confortée par le monogramme „WB“, apposé dans l’angle inférieur droit du panneau de Londres.
En 1922, celui-ci était considéré comme une signature du peintre-verrier Balthasard Weiss de Weesen (SG) (V&A, documentation, état du 20 décembre 2013). En 1946, Franz Wyss infirma cependant cette hypothèse et identifia le monogramme comme la signature du peintre-verrier Balthasar Wetzstein de Rapperswil, qui employa ce monogramme dans la continuité de son prédécesseur, le peintre-verrier Wolfgang Breny, également actif à Rapperswil (Wyss 1946, p. 86).
En 1952, Paul Boesch, qui avait déjà eu l’occasion de publier un article sur l’atelier des Weiss de Weesen, vit le panneau de Londres et confirma la proposition de Wyss, à savoir une attribution du vitrail de Londres au peintre-verrier Balthasar Wetzstein (V&A, documentation, état du 20 décembre 2013 ; Boesch 1945, p. 135-140 ; id., 1952b, p. 21-27).
Une confrontation du panneau de Londres avec un autre vitrail signé de Balthasar Wetzstein conforte cette attribution : il s’agit du vitrail héraldique aux armes de Ludwig Bühler, daté de 1618 et conservé à l’hôtel de ville de Rapperswil (cf. Wyss 1946, pl. 4). Bien qu’une année sépare ces deux vitraux, le peintre semble avoir recouru au même carton, tant ces vitraux sont en tout point identifiques, tant d’un point de vue compositionnel que d’un point de vue du style : on y retrouve en effet un même cadre architectural, une position identique du donateur, doté d’une même armurme, ou encore un même cartouche orné de la même écriture stylisée.
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