Provenant de la collection Henri Vaughan dont l’ensemble a été légué au Victoria and Albert Museum en 1900, le rondel était considéré lors de son entrée dans les collections comme suisse, attribué au peintre-verrier zougois Michael IV. Müller et daté de 1667, comme indiqué sur le cartouche inférieur (Day 1913, p. 111 ; V&A, documentation, état du 20 décembre 2013 ; sur le legs, voir ibid., inv. 929-1900).
Le rondel représente l’épisode néo-testamentaire du miracle de la tempête (Marc, 4, 35-41 ; Matthieu, 8, 23-27 ; Luc, 8, 22-25) : sur un plan d’eau, la barque avec les apôtres est prise dans une tempête et, pris de panique, l’un de ses occupants en informe le Christ qui dort paisiblement à l’avant du bateau ; dans le ciel, une inscription fait explicitement référence au chapitre 8 de l’Evangile selon saint Matthieu.
Si le donateur, Werner Pfeil, n’a pas pu être formellement identifié, son nom, qui apparaît à la page 20 du livre de raison du peintre-verrier zougois Michael IV. Müller, conservé au Museum Burg Zug, est en revanche associé à deux autres commandes de vitraux : l’une de 1653 et l’autre de 1661, auxquelles Paul Boesch ajoute un quatrième vitrail rectangulaire, représentant une Flagellation du Christ, accompagnée de l’inscription suivante „Wernher Pfyll Dr. Theol Pfarrherr bei St. Anna vff dem Steiner Bärg 1552 [sic]“ (localisation inconnue – cf. Zurich, Musée national suisse, photothèque, SLM 26953 ; Boesch 1957, p. 58, cat. 5).
L’emplacement d’origine de ces vitraux pourrait être l’église ou la chapelle Sainte-Anne, paroisse de Steinerberg, dans le canton de Schwytz. Celle-ci se trouvait sur une ancienne voie de communication. Abritant une statue représentant sainte Anne de la seconde moitié du XVIe siècle, elle constituait une étape pour les pèlerins qui se rendaient à Einsiedeln. L’ancienne chapelle fut remplacée par une nouvelle en 1937-1938 lors de travaux liés à l’élargissement de la route cantonale (sur cette chapelle et la statue qu’elle abritait, cf. Meyer 1978, p. 161).
La représentation de la Tempête apaisée est une copie fidèle de la gravure éponyme réalisée en 1625 par Matthäus Merian l’Ancien. Il existe au moins deux répliques du rondel de Londres, toutes deux aux armes de Peter Meyenberg et d’Elisabeth Zurlauben et datées de 1684 et attribués à Franz Joseph Müller : la première, provenant de la collection de Lord Sudeley, anciennement conservée au Toddington Castle, a été vendue en 1911 à Munich chez Hans Hebling (cf. Lehmann 1911, p. 93, lot 140) ; la seconde est conservée au Museum Burg Zug (cf. Bergmann 2004, cat. 243).
En 1957, Paul Boesch attribua le vitrail de Londres au peintre-verrier zougois Michael IV. Müller, sur la base du style et de l’occurrence du nom du commanditaire dans le livre de raison du ce dernier (Boesch 1957, p. 58, cat. 5). Le rondel de Londres peut en effet être comparé à des oeuvres mongrammées de la même année comme, à titre d’exemple, le rondel héraldique aux armes de Kaspar Knopflin et Maria Wickart représentant une Adoration des mages (Cham, collection privée – cf. Bergmann 2004b, cat. 168), où l’on retrouve des figures semblables, à l’instar de l’apôtre en train de prier dans la barque dont le visage est identique à celui du mage en pied.
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