Le grand grand vitrail dans la baie nord-est du choeur (nI) constitue une allégorie de l’Eucharistie : la Multiplication des Pains. Le thème est représenté par deux mains tendues descendant du haut du vitrail, duquel tombent des pains et des poissons. Le bas du vitrail est occupé par des flammèches, représentant l’herbe sur laquelle l’assistance est assise. Les taches de couleurs viennent mettre en valeur les pains tombants, donnant ainsi une impression d’abondance.
La dalle de verre est moulée en un seul panneau de 3.06 m de haut pour 1.04 m de large. Le panneau est fixé avec un mortier de pose dans la feuillure de la baie depuis l’intérieur et scellé avec du mortier. La face externe du panneau correspond à la face inférieure lors du moulage de la dalle de verre. La couche superficielle du béton s’est détachée sur quasiment toute la face externe du panneau, probablement lors du démoulage de la dalle de verre. Aux quelques endroits où la surface est restée intacte, elle est lisse et montre des marques de plis suggérant que le panneau a été coulé sur du textile.

État de préservation
Une grande fissure traverse tout le vitrail dans sa partie médiane. Cette fissure fait quelques millimètres de large, entraînant de faibles pertes de matière. Elle a été colmatée par endroit avec un mortier plus clair. Il est possible que la fissure se soit produite pendant la fabrication de la dalle de verre ou pendant son transport et/ou son installation. Quatre autres fissures relativement larges sont visibles sur le côté gauche du vitrail. La plus grande se poursuit sur tout le quart inférieur du panneau.
La couche superficielle du béton est détachée sur quasiment toute la face externe du panneau, révélant les fers d’armature à de nombreux endroits. La surface originelle reste cependant visible en quelques zones. Comme cette surface lisse et texturée est conservée sur les autres dalles de verre du cycle, nous supposons qu’elle a été perdue lors du démoulage du panneau.
Malgré ces dommages, la dalle de verre semble être en assez bon état.
La carbonatation de la matrice cimentaire est relativement avancée, mais ne présente pas de grands risques pour la stabilité et la durabilité du béton (voir ci-dessous). Il est rare d’avoir des fronts de carbonatation au-delà de 2 cm et la grande partie des fers d’armature sont recouverts de plus de 2 cm de mortier. Le risque d’une corrosion des fers est donc réduit. Une corrosion locale des armatures demeure néanmoins possible pour les fers présentant une faible épaisseur de recouvrement et mis à nu lors du démoulage. Pour l’instant, la structure de la dalle de verre est stable, les fers ne sont que superficiellement corrodés et les verres sont intacts et peu altérés. Il est toutefois difficile d’évaluer dans quelle mesure ces dommages ou leur évolution mettent en danger la préservation du vitrail. Les détériorations, notamment la corrosion progressive des armatures, le développement des fissures ainsi que la fragilisation des joints d’étanchéité, sont à observer sur le long terme afin de minimiser leur impact sur la conservation des dalles de verre.

Composition et propriétés du mortier
Le mortier de la dalle de verre est gris foncé et a une texture variable et une porosité apparente très faible. Une charge minérale (sable silico-calcaire) est visible à l’œil nu sous forme de grains blancs roulés de taille d’environ 1-2 mm, principalement observée sur la face externe du mortier. Le liant du mortier est un ciment de type Portland avec un degré d’hydratation moyen. La microstructure du mortier est caractérisée par une faible compacité liée à une porosité capillaire très élevée. Les grains de sable sont très peu enrobés et la matrice présente de nombreuses fissures dues à un excès d’eau lors de la confection du mortier – certainement intentionnel pour obtenir un mortier fluide et assurer une mise en place de ce dernier dans les grands moules. La forte porosité capillaire du mortier a favorisé la diffusion de l’humidité et du CO2 (et du SO3 atmosphérique, en moindre mesure) et donc une carbonatation des phases hydratées et une sulfatation externe du mortier. La carbonatation du mortier est relativement avancée.

Les vitraux de l’église de Saint-Germain d’Auxerre à Courfaivre (Jura) sont réalisés par l’artiste Fernand Léger en 1954 lors de la rénovation de l’église par l’architecte Jeanne Bueche. Pour l’architecte, la place du décor dans une église est prépondérante et doit être pensée en même temps que l’architecture. Elle consacre alors une grande partie du budget de la rénovation à la réalisation de grandes fenêtres colorées en technique de dalle de verre. Pour leur création, elle fait appel à nul autre que Fernand Léger qui avait auparavant conçu les fenêtres en dalle de verre de l’église du Sacré-Cœur d’Audincourt en France. La réalisation des dalles de verre est confiée à l'atelier verrier Aubert et Pitteloud à Lausanne.
Le programme iconographique de l’ensemble des vitraux figuratifs, composé de dix médaillons encadrés de panneaux rectangulaires dans les fenêtres hautes de la nef et de deux vitraux en arc plein cintre dans le chœur, est décidé entre l’architecte et le curé de l'église et élaboré en étroite collaboration avec l'artiste. Pour le curé il est important que les vitraux reflètent les valeurs profondes de la foi catholique.Celles-ci sont parfaitement illustrées dans le Credo. Cette thématique a été divisée en cinq grands thèmes : Dieu le père, la vie du Christ, le Saint-Esprit, l’Église et la Vie Éternelle. Les thèmes se poursuivent, dans le sens horaire, dans les dix médaillons. Chacun est encadré de vitraux abstraits qui reprennent les motifs de fond et leurs couleurs. Le cycle commence au sud-est (SIII) et se termine au nord-est (NIII).
Les deux grands vitraux du chœur de l’église forment un cycle à part symbolisant l’Eucharistie à travers deux sujets : la Multiplications des Pains (NII) et les Noces de Cana (SII).
L'expressivité des vitraux de Fernand Léger réside dans la combinaison de symboles anciens avec des compositions abstraites. Le réseau en béton armé fait partie intégrante du dessin et renforce la lisibilité des motifs.
Les fenêtres des bas-côté sont décorées de vitraux en dalle de verre abstraits. Les dalles de verre sont montées avec un mastic spécial dans les ouvertures créant ainsi une entité matérielle entre vitraux et structure en béton et de véritables murs lumineux.