Vitrail rectangulaire représentant l’Adoration des Mages. A gauche, la Vierge Marie est assise à l'entrée d'une étable avec le Christ enfant assis sur ses genoux. Elle tient de la main gauche un calice que vient de lui offrir Melchior. Celui-ci, dont la coiffe est posée à terre, est agenouillé aux pieds de la Vierge à l'Enfant sur un sol herbeux et fleuri. Derrière lui, Gaspard tient une corne richement décorée et montre l’étoile qui rayonne au-dessus de l’étable à côté d’eux, à Balthazar qui porte un présent. L’arrière-plan figure la vue d’une ville fortifiée, sous un ciel nuageux.

Quelques plombs de casse, traces de corrosion, compléments au milieu à gauche, deux pièces de remplois en bas à droite, inscription gravée sur le ciel à droite “Maria Susanna (illisible)”.

En l’absence d’armoiries et d’inscription, le commanditaire du panneau ne peut pas être déterminé. Le catalogue Fol (1876, p. 394) relève la présence de la date "1561" sur l'auréole de la Vierge. Aucune date ne semble cependant inscrite sur cette partie du vitrail, rendue partiellement illisible à cause du mauvais état de la grisaille. La datation du panneau doit alors être élargie au XVIe siècle.

Le peintre verrier n'est pas identifié. Deux autres vitraux connus montrent des représentations similaires de l’Adoration des Mages, surmontées d’écoinçons figurant l’Annonciation. Le premier aux armes de Jakob Krug, daté vers 1530 et probablement exécuté en Suisse centrale ou orientale (Zurich, Lucerne, Schaffhouse) (BE_1745), est aujourd’hui conservé au Museumsschloss de Thoune. Le second, donné en 1539 par Kaspar Schufelbühl de Beromünster à Lucerne (Schneider, 1971, p. 214, n° 214 ; Lehmann, 1941, p. 97 et suivantes, ill. 138), se trouve au Musée national suisse à Zurich. Ces panneaux se distinguant nettement les uns des autres du point de vue stylistique, ils ne peuvent pas être l'oeuvre d'un même atelier.

Plusieurs similitudes avec des gravures de la fin du XVe siècle laissent entrevoir d'éventuelles sources d'inspiration de l'artiste. C'est par exemple le cas de la composition des illustrations de l'Adoration des Mages, telles qu'elles apparaissent dans les ouvrages Die hyligen teutschen ewangeli vnd epistel d'Augsburg, daté de 1483 (BSB-Ink P-589 – GW M34108 ; https://daten.digitale-sammlungen.de/0003/bsb00030605/images/index.html?fip=193.174.98.30&id=00030605&seite=56) ou de Hier beghinnen alle die epistelen ende evangelien [...], publié à Gouda en 1484 (1484.EpEv.dut.snom.a 1 : e1r ; https://bibliasacra.nl/image/20040130017/#image). Certains détails du personnage de Melchior pourraient quant à eux avoir été inspirés de l'estampe de l'Adoration des Mages de Martin Schongauer, réalisée vers 1470/75 (https://www.museesgrandest.org/les-collections/ladoration-des-mages/).

L'inscription partiellement lisible au nom de Maria Susanna grattée sur le ciel est postérieure. Il s'agit peut-être de l'une des propriétaires antérieures du panneau. Ce vitrail provient de la collection du Musée Fol (Fol, 1876, p. 394, n° 3988), rassemblée par Walther Fol.

Cité dans :

• Fol, 1876, p. 394, n° 3988, remarque : “L'auréole de la Vierge porte la date 1561”.

• Deonna, 1929, p. 132, n° 12013.