Vitrail rectangulaire représentant un écu armorié surmonté d’un heaume empanaché avec en cimier un protomé de femme tenant une gerbe étoilée et un bouquet de branches, au centre d’un cadre architectural composé de deux piliers soutenant un arc surbaissé au-dessous duquel se trouve un phylactère comportant un monogramme. De part et d’autre, devant les piliers, se tiennent en pied saint Jean-Baptiste et saint Jean, accompagnés de leurs attributs. Dans les écoinçons figure une Annonciation, avec à gauche la Vierge Marie assise devant un pupitre et à droite l’archange Gabriel. Au-dessus de l’arc se trouve entre deux éléments architecturaux une représentation de joute entre deux cavaliers s’affrontant à l’aide de lances sur un paysage lacustre et montagneux avec des châteaux. Dans le soubassement figure un cartouche comportant une inscription du donateur, flanqué d'anges.

Quelques plombs de casse, traces de corrosion, perte de la grisaille, marques de cuisson “6”.

Ce panneau a été commandé en 1667 par Jean Piranus (†1681), dit aussi Poerrier, Piro ou Perren, en tant qu’ancien lieutenant du grand châtelain et châtelain du vidomne de Sierre, comme l’indique l’inscription au bas du vitrail. Une archive de l’État du Valais signale un certain Joannes Pyranus comme sautier de Sierre en 1650 (CH AEV, AB Sierre, Pg 227). Il pourrait s’agir de la même personne. A ce jour, nous ne possédons pas plus d’informations sur le commanditaire. Les figures des saints Jean et Jean-Baptiste apparaissent comme les patrons du donateur. L’inscription centrale “W.G.W” sur le phylactère correspond à la devise “Was (Wie, Wann) Gott Will”, également présente sur un portrait en buste de 1702 de l’évêque de Sion François-Joseph Supersaxo (1665-1734) (inv. n° MV 7516), qui se trouve au Musée d’histoire du Valais à Sion.

Cette verrière fait partie d'un cycle de vitraux héraldiques valaisans, commandé vers 1667-1668 pour l’église de Venthône, en Valais. Deux autres panneaux aux armes de Michel Publius (GE_2303 et GE_2304) sont également exposés au Musée d’art et d’histoire de Genève, un du couple de Courten-Brunod (GE_2306) est conservé au Musée Ariana à Genève, tandis que quatre panneaux aux armes de Chattonay, des couples Vineis-Balet, Delovina-de Vineis et de Decabulo-de Courten se trouvent aujourd’hui au Musée national Suisse (Schneider, 1971, p. 322-324, n° 633, 634, 635, 637). A cet ensemble peuvent être ajoutés un calque d’un vitrail perdu aux armes de l’évêque de Sion de 1668 dessiné par le peintre verrier bernois Johann Heinrich Müller (1822-1903), ainsi qu’un fragment daté de 1668 (inv. n° MV 289), aujourd’hui au Musée d’histoire du Valais à Sion (cf. Bergmann, 2014, p. 306).

Le groupe présente des similitudes de style et de composition avec l’oeuvre du peintre verrier fribourgeois Jost Hermann (1600-vers 1677), connu pour avoir travaillé entre autres pour des commanditaires valaisans (Bergmann, 2014, p. 306). Le présent panneau peut notamment être rapproché de la verrière aux armes de Petrus Bapst de 1662 (FR_145) qui se trouve au Musée d’art et d’histoire de Fribourg et de celle aux armes de Hans Peter Castella de 1669 (FR_153) aujourd’hui au Château des comtes de Gruyères. A noter toutefois la particularité du présent panneau qui comporte deux étages supérieurs figurant l’Annonciation et une scène de joute équestre. Cette dernière pourrait à l’origine provenir d’un autre panneau.

Cet ensemble a été commandé pour orner la partie basse des baies de la nouvelle église Saint-Sébastien de Venthône, dont les travaux se sont achevés vers 1667 (Cassina & Preux, 2023, p. 312). Un document conservé aux archives de l’État du Valais (CH AEV, AB Venthône, R 14a) mentionne notamment Michel Publius, premier curé, et Petrus de Chattonay, donateur du terrain (Tamini, 1930, p. 188 et 193), comme commanditaires de panneaux. Le groupe de vitraux a encore été aperçu dans les fenêtres vers 1864-1868 par le Bâlois Emil Wick (1816-1894), au cours de son tour du Valais.

La provenance des quatre panneaux conservés à Genève n’est pas connue. Une note indique qu’ils pourraient avoir été acquis lors de la vente de la collection du banquier bernois Friedrich Bürki (1819-1880) à Bâle, en 1881, mais les verrières n’ont pas pu être identifiées dans le catalogue de vente. Les vitraux qui se trouvent au Musée national Suisse ont été acquis en 1902 sur le marché de l’art parisien (Schneider, 1971, p. 322-324).

Cité dans :

• Deonna, 1929, p. 133, n° G. 930.

• Bergmann, 2014, p. 306, nbp 1791.

• Cassina & Preux, 2023, p. 137.