Le vitrail se compose de onze panneaux répartis en trois parties.
A gauche, sur la panneau supérieur, deux dragons sont représentés face à face, leurs cous s'entremêlant. L'un regarde à gauche la figure du soleil et l'autre à droite celle de la lune, sous forme de croissant (symbole alchimique de la transformation des métaux). En dessous, six hommes de profil tournés vers la droite, font différents gestes avec leurs mains. Ils représentent des scientifiques ayant vécu entre le XIIIe et le XVIIe siècle, figures réputées dans le domaine de l'alchimie: Raymond Lulle, Roger Bacon, Paracelse, Jean-Baptiste Van Helmont, Basile Valentin, Albert le Grand. A leurs pieds au premier plan, se tient un ouvrier agenouillé devant un petit four allumé sur lequel sont disposés trois ballons contenant des liquides.
Au centre, se tiennent debout côte à côte et de face, neuf chimistes des XVIIIe et XIXe siècles : Dimitri Ivanovitch Mendeleïev qui tient devant lui une éprouvette graduée, John Dalton, Amedeo Avogadro, Antoine Laurent de Lavoisier (au centre), Charles Friedel, Pierre Eugène Marcellin Berthelot tient un appareil de Kipp, Joseph Louis Gay-Lussac et Justus Von Liebig et Friedrich Wöhler (au bout). Les hommes placés au centre désignent de leur main la partie basse de la représentation où figure une explosion (?).
A droite sur la partie supérieure figure un arbre à plusieurs branches au bout desquelles sont accrochés sept symboles alchimiques (fer, cuivre, mercure, plomb et étain au centre ; le soleil et la lune dans les extrémités). En dessous sont représentés six hommes de profil, de l'Antiquité jusqu'au XIIe siècle ayant pratiqué la science. Ils sont tous tournés vers la partie centrale du vitrail. Il s'agit des grecs Aristote, Démocrite et Platon, des perses Avicenne (Ibn Sina) et Geber (Jabir ibn Hayyan) et de l'andalou Averroès (Ibn Rochd). À gauche, Aristote tient une longue fiole de laquelle s'échappe un nuage de fumée. À droite, Geber tient un manuscrit enroulé et Averroès un bocal. Au premier plan à droite, un ouvrier est assis, un bol dans sa main gauche et de l’autre plongeant un ustensile dans un grand récipient.

Très bon. Un verre abîmé sur le panneau de droite au centre.

Ce vitrail monumental réalisé en 1969 par l’artiste chaux-de-fonnier Roger Descombes en collaboration avec le maître verrier Jacques Wasem dans l’atelier Wasem situé à Veyrier, leur a été commandée par la maison Givaudan. L’oeuvre a été placée dans l’entrée du bâtiment de la direction à Vernier jusqu’en août 2011. Suite à la restauration des locaux, la verrière a été déposée et donnée au Musée de Ariana. Elle représente dans la partie centrale trois groupes de figures importantes des mondes de la chimie, l’alchimie et la Science au travers des siècles depuis l’Antiquité.

Les motifs sur les parties supérieures des panneaux à gauche et à droite sont inspirés de gravures. A gauche, le dessin des deux dragons se faisant face, leurs cous s'entremêlant et regardant la lune et le soleil provient d’une gravure tirée de la publication “Theatrum chemicum britannicum" d'Elias Ashmole datant de 1652 et apparaissant à deux reprises dans l’ouvrage (Ashmole, 1652, p. 212 et 379). A droite, l’arbre à plusieurs branches au bout desquelles sont accrochés sept symboles alchimiques est directement tiré de la partie supérieure de la gravure du frontispice de "Azoth sive aureliae occultae philosophorum, materiam primam..." du frère Georg Beatus Basilius édité en 1613 (Basilius, 1613, p. 5). Quant à la représentation des différents personnages, ils sont inspirés de sources diverses non identifiées.

Roger Descombes est avant tout un artiste peintre, graveur, dessinateur, illustrateur et caricaturiste, qui s’est également adonné à la peinture murale. Ce n’est qu’en de rares occasions qu’il a pratiqué l’art verrier dont cette commande de Givaudan. Son coup de crayon incisif que l’on perçoit aisément dans ses gravures et dessins, se révèle aussi sur ce vitrail. Jacques Wasem, maître et peintre verrier a rejoint l’atelier de son père Charles en 1927 dans lequel il va réaliser autant ses propres vitraux que des oeuvres dessinées par d’autres artistes, comme c’est le cas pour ce triptyque.