Ce médaillon et son pendant représentant un ange qui porte un cierge (GE_2180) ont été acquis par Gustave Revillod vers 1885 à Paris, aux côtés d’une vingtaine de vitraux provenant de l’église Saint-Ferréol à Saint-Fargeau, en France (Lapaire, 1980, p. 23). Ils ont longtemps été considérés comme faisant partie de cet ensemble (Sidler, 1905, p. 103 ; Lafond, 1948, p. 127), et ce malgré leurs différences stylistiques et iconographiques. Après les avoir rapprochés des verrières réalisées par les maîtres verriers qui ont oeuvré à la cathédrale Notre-Dame de Paris au milieu du XIIIe siècle (Lafond, 1948, p. 127 ; Aubert & Verrier, 1959, p. 38, pl. 6 bis), Gatouillat (2012, p. 61) a pu confirmer qu’ils sont non seulement de la main du même atelier parisien, mais qu’ils proviennent également de cet édifice. Comme l’atteste la correspondance de format entre les verres et l’architecture, cette paire était à l’origine probablement insérée dans les trilobes des écoinçons inférieurs de la rose septentrionale du transept (Gatouillat, 2012, p. 64). Cette dernière, illustrant l’Ancien Testament, était initialement composée d’un ensemble de 80 médaillons figurés, disposés en trois grands cercles concentriques autour d’une représentation de la Vierge à l’enfant (Gatouillat, 2012, p. 64). Au-dessus des anges se tenaient en pied ou en buste des rois bibliques, des prophètes, des patriarches ou encore des grands prêtres, parfois accompagnés de phylactères permettant leur identification (Lasteyrie, 1853, p. 135).
Comme le reste des verrières des roses de Notre-Dame, les deux panneaux ont probablement été réalisés peu après 1250, par le même atelier parisien qui s’était vu confier par le roi l’exécution des vitraux de la Sainte-Chapelle avant 1248. L’achèvement de la rose nord vers 1255 fourni une date ante quem aux vitraux. Les figures illustrées sur les médaillons septentrionaux sont, comme le relève Gatiouillat (2012, p. 64), “des silhouettes souples, assez répétitives et peintes de manière rapide”. Elles sont vraisemblablement tirées de mêmes cartons, déclinés en différentes teintes (Lasteyrie, 1853, p. 136).
Compte tenu de l’excellent état de cette rose, celle-ci n’a subi qu’un seul remaniement vers 1782-1783 (Aubert & Verrier, 1959, p. 31), avant l’importante restauration du XIXe siècle. C’est durant cette dernière campagne que les deux médaillons auraient été ôtés des baies, peu avant leur entrée dans les collections du Musée Ariana à Genève (Gatouillat, 2012, p. 61). Étonnamment peu documentés, les travaux de la fin du XIXe siècle sur la rose nord ont été attribués par certains au maître verrier parisien Alfred Gérente (1821-1868) (Suau, p. 645, note 41 ; Raguin, 1985, p. 72), qui avait également oeuvré sur les vitrages de la rose sud vers 1858 et du triforium vers 1862 (Gatouillat, 2012, p. 64). Considérant les différences stylistiques et techniques entre ces restaurations, Gatouillat (2012, p. 64) a proposé de voir plutôt dans le remaniement de la rosace septentrionale l’oeuvre du peintre verrier parisien Édouard Didron (1836-1902). Cette attribution pourrait expliquer la confusion de provenance de ces médaillons avec ceux de Saint-Fargeau, étant donné qu’il s’est également occupé en 1877 de la dépose des verrières de l’église Saint-Ferréol (Raguin, 1985, p. 72). Des copies des deux vitraux sont aujourd’hui insérées dans les écoinçons de la rose nord de Notre-Dame.
Cité dans :
Sidler, 1905, p. 103, n° 84.
Deonna, 1938, p. 175, n° 91 ; remarque : "XIVe siècle."
Lafond, 1948, p. 123-124, n° 91.
Aubert & Verrier, 1959, p. 38, pl. 6 bis (avec toute la bibliographie antérieure).
Suau, 1973, p. 644-645, note 41.
Lapaire, 1980, p. 23, couverture.
Raguin, 1985, p. 72.
Gatouillat, 2012, p. 61-64.