Vitrail rectangulaire représentant au centre un écu armorié surmonté d’une mitre ornée d’une Vierge à l’Enfant, flanquée d’une crosse. La composition se trouve sous un cadre architectural constitué de colonnes soutenant des entablements avec des représentations en pied de saint Jean, saint Martin, saint Josse et saint Benoît. Dans la partie supérieure figure au centre, dans un décor architectural, une tête d’ange ailée, encadrée dans les écoinçons d’une Annonciation, avec à gauche l’archange Gabriel et à droite Marie assise, lisant à son pupitre. Dans le soubassement, orné des monogrammes du Christ et de la Vierge, se trouve un cartouche avec une inscription du donateur.

Vitrail monté dans un cadre de verre opaque moderne mis en plomb, dont l’angle supérieur droit est fendu et la partie inférieure pourvue du nombre “61” (avers), plusieurs fentes, quelques rayures, nombreux plombs de casse, pilastre gauche et angle inférieur droit complétés.

Le vitrail a été donné en 1616 par Johann Jodok Singisen (1557/1558-1644), abbé de Muri de 1596 jusqu’à sa mort. En 1610, il a fait bâtir une nouvelle aile au monastère de Muri qui porte son nom (reconstruite en 1691). Considéré comme l’un des principaux abbés du monastère, il a reçu à titre posthume le titre honorifique de second fondateur de l’abbaye de Muri (Wohler, 2011). Plusieurs autres donations de vitraux de cet abbé ont été conservées (cf. sous Commanditaire). Les saints personnages représentés dans les côtés correspondent aux saints patrons du nom du donateur (Jean et Josse) et du monastère de Muri (Martin et Benoît pour l’ordre bénédictin). Les quatre mêmes figures se retrouvent également sur un vitrail donné en 1640 par cet abbé (Bergmann, 2004, p. 331, n° 129).

Le peintre verrier n’est pas identifié. Singisen avait fréquemment fait appel à des ateliers zougois pour ses commandes en tant qu’abbé de Muri (Bergmann, 2004, p. 52). Un panneau armorié de 1627 est attribué à Christoph Brandenberg (inv. 8601 ; Bergmann, 2004, p. 290-291, n° 97), aujourd’hui conservé au Museum Burg de Zoug, tandis que celui précédemment cité daté de 1640 est attribué à l’atelier Müller (Paul Müller ?), aujourd’hui en mains privées à Zoug (Bergmann, 2004, p. 331, n° 129). Le présent vitrail se distingue de ces créations d’un point de vue stylistique, ce qui ne permet pas de le rattacher à l’un ou l’autre de ces exécutants. En l’état, l’auteur de la verrière demeure inconnu.

Ce panneau provient de la collection constituée par le marchand de soie de Constance Johann Nikolaus Vincent (1785-1865) de 1816 jusqu’à sa mort. Un autre vitrail de Singisen, daté de 1623, appartenait à la collection Vincent (Rahn, 1890, p. 225). Comme le collectionneur avait acheté plusieurs vitraux du monastère cistercien de Tänikon en Thurgovie et que Beat Fidel Zurlauben (1720-1799) avait décrit un vitrail de Singisen qu’il y avait vu, il a été suggéré que le présent panneau puisse provenir de Tänikon (Boesch, 1943, p. 64 ; Germann, 1965/66, p. 46, n° 49). Cependant, la date relevée par Zurlauben de 1617 ne correspond pas à celle de 1616 inscrite sur le présent vitrail, tout comme la composition et le format ne correspondent pas aux vitraux connus de Tänikon (voir aussi GE_2122). Dès lors, une provenance de ce vitrail de Tänikon semble peu probable, d’autant plus qu’une trentaine de dons de vitraux sont documentés pour cet abbé (cf. Germann, 1965/66, p. 46-47 ; Germann, 1967/68, p. 190).

Cité dans :

• Rahn, 1890, p. 224, n° 274.

• Sidler, 1905, p. 102, n° 61.

• Deonna, 1938, p. 11-12, n° 17.

• Boesch, 1943, p. 65, n° 4.

• Germann, 1965/66, p. 46, n° 49.

• Hasler, 2002, p. 23.