Vitrail à chaînons évoquant un fragment de bordure.

Avers et revers fortement corrodés, avec formation de trous, fissures sur la bordure inférieure droite, plombs décoratifs, plombs moulés et travaillés au rabot, plombs de casse anciens et plus récents, remplacement de certains verres de couleur verdâtre.

Ce vitrail est de type cistercien. Tout comme la spiritualité de cet ordre monastique, son art prône la simplicité et la sobriété, prohibant le faste des représentations et des couleurs, ce qui a eu des répercussions tant sur la conception de leurs édifices que de leurs verrières (Burger, 2018, p. 43-45). Loin de les faire renoncer à l’art du vitrail, les Cisterciens ont alors paré les baies de leurs églises de panneaux en verre incolore aux motifs géométriques complexes, formés uniquement grâce à l’arrangement des tiges de plomb, comme il en existe des exemples en France à Bonlieu, Obazine ou Pontigny et en Allemagne à Marienstatt ou à Eberach (Burger, 2018, p. 33).

Selon Burger (2018, p. 45), il est peu probable que les Cisterciens soient à l’origine de la conception de ce type de verrières, mais ils pourraient avoir repris des modèles de vitrage non figuratifs de traditions plus anciennes, dont il ne reste que peu de traces de nos jours. Cette hypothèse a été confirmée en 2022 par Utzig qui a pu affirmer grâce à des comparaisons avec des fragments de verre du début du Moyen Âge que les vitraux cisterciens sont plus proches des vitrages de cette période que des productions des Xe et XIe siècles (Utzig, 2022, p. 138-139). Parmi ces verres anciens, des fragments datant entre le Ve et le IXe siècle, et possédant des teintes et des formes géométriques analogues, ont été retrouvés en Suisse lors de fouilles archéologiques à Sion, Sous-le-Scex en Valais et à Müstair dans les Grisons (cf Kessler, Wolf & Trümpler, 2005 ; Wolf, Kessler, Goll, Trümpler & Degryse, 2017).