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KF_1150: Saint Matthias guérissant un aveugle (deuxième scène depuis le haut du vitrail de saint Matthias)
(FR_Romont_VCR_KF_1150)

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Titel

Saint Matthias guérissant un aveugle (deuxième scène depuis le haut du vitrail de saint Matthias)

Art des Objekts
Künstler*in / Hersteller*in
Datierung
1945

Ikonografie

Beschreibung

Saint Matthias, debout à gauche, est face à un aveugle agenouillé devant lui. Il appose ses mains au-dessus de sa tête pour lui rendre la vue. A l’arrière-plan, deux autres aveugles debout attendent. Le premier, à gauche, porte un chapeau et une canne de sa main droite. Le second, à droite, légèrement penché en avant, tient une laisse de ses deux mains. A ses pieds, un chien lève sa patte avant droite.
Les codes correspondant aux couleurs des verres sont indiqués sur le carton ainsi que des indications concernant les nuances des teintes.

Iconclass Code
73F342 · die Wunder des Matthias
Iconclass Stichworte
Inschrift

Aucune

Signatur

Aucune

Technik / Zustand

Erhaltungszustand und Restaurierungen

Coins inférieurs pliés, trou en haut à gauche, trous de punaises, taches

Technik

Gouache, aquarelle, crayon

Entstehungsgeschichte

Forschung

Ce carton en noir et blanc à l’échelle 1:1 est le projet définitif pour la deuxième scène depuis le haut du premier vitrail de droite de la nef de l’église Saint-Pierre de Fribourg, consacré à saint Matthias. Elle est tirée de la Légende dorée de Jacques de Voragine (de Voragine, 1902, p. 322).
Les seize vitraux de la nef sont l’oeuvre de l’artiste Jean-Edouard de Castella et de l’atelier fribourgeois A. Kirsch & Cie (Arnaud et Pajor, 2008, p. 54-62).

L’église Saint-Pierre de Fribourg représente l’un des chantiers les plus importants pour le renouveau de l’art sacré dans le canton de Fribourg. Elle est construite entre 1928 et 1931 par l’architecte fribourgeois Fernand Dumas, membre phare du Groupe de Saint-Luc, gagnant d’un concours lancé en 1924 (Lauper, 2008a, p. 12, 19).
Le 27 mai 1931, dès la fin de sa construction, un concours est lancé pour sa décoration, véritable entreprise qui rassemble un grand nombre d’artistes et dont l’achèvement prendra plus de vingt ans (Lauper, 2008b, p. 27). Plusieurs membres du Groupe de Saint-Luc y prennent part, dont l’artiste toscan Gino Severini, et plusieurs artistes fribourgeois affiliés à la SPAS (Rudaz, 2008a, p. 32-33). C’est Severini qui est choisi pour la décoration générale de l’édifice. Mais dès le début, la collaboration avec la paroisse est difficile, et celle-ci cherche à limiter son mandat. Severini aurait voulu que ce soit Alexandre Cingria qui réalise les vitraux, mais les maquettes pour la mosaïque du retable de la chapelle du Christ-Roi que ce dernier présente en 1932 déplaisent (Rudaz, 2008b, p. 41). La paroisse confie donc le grand cycle des verrières de la nef à l’artiste fribourgeois Jean-Edouard de Castella, qui s’était spontanément proposé (Corpataux, Jordan, 1938). Le Conseil de paroisse invoque le manque de ressources et la promesse de dons liés au choix d’un artiste local. Fin 1938, l’artiste avait proposé, avec l’atelier Kirsch et Fleckner, d’offrir un vitrail (Castella et Kirsch, 1938), alors qu’un second le serait par sa parenté (Castella, 1938b). Le Fribourgeois Gaston Thévoz avait souhaité envoyer à la paroisse des croquis et un devis pour ces fenêtres et avait également proposé de donner un vitrail (Thévoz, 1938), mais son offre arrivait trop tard. Severini, qui déplore le choix de Castella, avec lequel il avait déjà dû collaborer à Semsales et dont il n’avait pas hésité à critiquer les qualités artistiques, le qualifiant de “peintre médiocre” (Radin, 2011, p. 32-33), demande à ce que seuls les deux vitraux offerts lui soient confiés et qu’ils soient placés dans la tribune où ils seront moins visibles (Severini, 1939). Mais la paroisse a déjà donné son accord à Castella, qui profite de la guerre et de l’absence de Severini pour concrétiser la réalisation de l’ensemble des verrières (Rudaz, 2008b, p. 39-42).
L’artiste réalise les vitraux en quatre étapes, de 1941 à 1945, qui dépendent des dons reçus par la paroisse. La dépense totale des vitraux se monte à 40’000 francs, couverte par différents bienfaiteurs (personnalités et familles locales), dont les armoiries se retrouvent au bas des vitraux (Arnaud et Pajor, 2008, p. 59-61).

Bien que le programme iconographique n’ait pas fait l’objet de discussions approfondies entre le Conseil de paroisse et l’artiste, chacune des seize verrières de la nef, comme l’avait suggéré Castella dès le début du projet (Corpataux, Jordan, 1938), illustre la vie d’un apôtre ou d’un évangéliste, en quatre épisodes tirés des Actes des apôtres et de la Légende dorée. Castella choisit pour ces scènes narratives une représentation superposée à lecture descendante, sans bordure décorative, dépeignant des silhouettes sur un fond coloré. Dès ses premiers dessins, Castella n’hésite pas à se détourner des teintes convenues pour les chairs, celles-ci étant, comme tout détail de son dessin, au service de la physionomie colorée de l’ensemble.
Au début du travail de Castella, il est question que huit sujets figurent sur chaque verrière (Castella, 1938a), avant de finalement opter pour quatre scènes suivant l’avis de Mgr Besson et Severini (Castella, 1940a). Ce choix permet d’assurer “la visibilité des scènes” (Castella, 1940b), l’artiste étant conscient très tôt que pour que celle-ci soit bonne, il lui faut créer “des formes bien explicites” (Castella, 1938a). Il soumet ses premiers croquis à Mgr Besson (Castella, 1939) et selon contrat, également à Severini et à l’architecte Dumas pour approbation (Corpataux, 1939). La sélection des couleurs est aussi essentielle. Severini lui conseille d’utiliser des tonalités chaudes pour les coloris dominants, mais bien contrastées avec les teintes froides pour donner une atmosphère de calme et de stabilité dans toute l’église (Severini, 1940). Castella suit son avis et conçoit ses vitraux en alternance, un vitrail aux teintes à dominante chaude étant suivi d’une verrière aux teintes plus froides (Castella, 1940c).

Le vitrail de Matthias fait partie de la quatrième et dernière phase de réalisation du cycle des seize verrières, achevé en 1945. Les archives nous apprennent peu de choses sur cette ultime étape. En janvier 1946, après la pose des quatre verrières, le conseil de paroisse, par l’intermédiaire de son président, Joseph Jordan, envoie un courrier de remerciement à Castella et lui adresse “toute son admiration pour la magnifique oeuvre entreprise en 1939 et menée à chef avec un réel talent”. Il ajoute que “c’est vraisemblablement la plus belle et la plus importante de toute [sa] carrière artistique”. Il lui témoigne sa profonde reconnaissance pour “le soin minutieux pris à la préparation des cartons et à leur exécution, d’entente avec la maison Kirsch” (Jordan, 1946). L’article paru dans le quotidien fribourgeois La Liberté va dans le même sens, en soulignant que “l’église, grâce à de généreux donateurs, grâce aussi au zèle de M. le chanoine Zurkinden, a le privilège de posséder seize vitraux remarquables, dont elle peut être fière à juste titre et qui font le plus grand honneur au peintre-verrier Castella”. L’article loue la “science de l’équilibre” des scènes représentées, la “juste appréciation des valeurs”, et le “goût sans défaillance, qui assurent à l’artiste une place au premier rang des peintres-verriers de la Suisse” (R., 1945).

Ce carton illustrant la guérison d’un aveugle par Matthias est en noir et blanc, comme les trois autres projets définitifs liés à la verrière de Matthias (KF_1142 ; KF_1149 et KF_1443), Castella ayant apporté des nuances de gris uniquement sur le visage du saint. Il a indiqué les codes couleur pour chaque pièce de verre et a ajouté des indications concernant les nuances des teintes souhaitées. La maquette correspondant à cette verrière devait certainement être en couleur, mais nous ne savons pas si elle existe encore.

Cette réalisation à Saint-Pierre marque, avec le cycle de la chapelle Notre-Dame de la Paix à l’église Sainte-Thérèse de Genève (GE_84.22 ; GE_84.23 ; GE_84.24 ; GE_84.25 ; GE_84.26 ; GE_84.27 ; GE_84.28), exécuté en 1946-1947, l’apogée de la carrière du peintre-verrier fribourgeois. C’est non seulement l’une de ses réalisations les plus considérables du point de vue du nombre de verrières, mais c’est aussi un cycle verrier abouti, Castella ayant su allier avec beaucoup de finesse un trait fin, souvent réduit à l’essentiel, à un coloris très subtil où les teintes se juxtaposent dans une variation infinie de tons tout en proposant des contrastes forts permettant une mise en lumière des éléments essentiels de chaque scène. En 1949, l’artiste part à nouveau pour l’Australie et organise à cette occasion une exposition d’adieu dans son atelier fribourgeois. Il ne reviendra en Suisse qu’en 1962, quatre ans seulement avant son décès (Arnaud et Pajor, 2008, p. 56-57).

Datierung
1945
Eingangsdatum
23.12.1991
Schenker*in / Verkäufer*in

Donation privée

Eigentümer*in

Vitrocentre Romont

Vorbesitzer*in

Collection privée

Bibliografie und Quellen

Literatur

Arnaud, F. et Pajor, F. (2008). Couleurs et lumières, de Melbourne à Fribourg. L’église Saint-Pierre à Fribourg (Patrimoine fribourgeois), (18), 54-62.

Castella, J.-E. (1938a, 8 octobre). [Lettre à Georges Corpataux]. Archives de la paroisse Saint-Pierre, Fribourg.

Castella, J.-E. (1938b, 1er décembre). [Lettre à Georges Corpataux]. Archives de la paroisse Saint-Pierre, Fribourg.

Castella, J.-E. (1939, 15 janvier). [Lettre à Georges Corpataux]. Archives de la paroisse Saint-Pierre, Fribourg.

Castella, J.-E. (1940a, 5 janvier). [Lettre à Georges Corpataux]. Archives de la paroisse Saint-Pierre, Fribourg.

Castella, J.-E. (1940b, 6 janvier). [Lettre au chanoine Zurkinden, Georges Corpataux et aux Conseillers de paroisse]. Archives de la paroisse Saint-Pierre, Fribourg.

Castella, J.-E. (1940c, 14 décembre). [Lettre au chanoine Zurkinden]. Archives de la paroisse Saint-Pierre, Fribourg.

Castella, J.-E. et Kirsch, V. (1938, 30 novembre). [Lettre à Georges Corpataux]. Archives de la paroisse Saint-Pierre, Fribourg.

Corpataux, G. (1939, 27 janvier). [Lettre à Jean-Edouard de Castella]. Archives de la paroisse Saint-Pierre, Fribourg.

Corpataux, G. et Jordan, J. (1938, 12 octobre). Rectorat de St-Pierre. Procès-verbaux. Archives de la paroisse Saint-Pierre, Fribourg.

Jordan, J. (1946, 26 janvier). [Lettre à Jean-Edouard de Castella]. Archives de la paroisse Saint-Pierre, Fribourg.

Lauper, A. (2012). Gambach. Dans Société d’histoire de l’art en Suisse (dir.), Guide artistique de la Suisse (tome 4b, p. 76-80). Berne, Suisse : Société d’histoire de l’art en Suisse.

Lauper, A. (2008a). La leçon de Romont. L’église Saint-Pierre à Fribourg (Patrimoine fribourgeois), (18), 10-22.

Lauper, A. (2008b). Une architecture simple et forte. L’église Saint-Pierre à Fribourg (Patrimoine fribourgeois), (18), 23-29.

R., A. (1945, 1er octobre). Les vitraux de Saint-Pierre. La Liberté, 8. www.e-newspaperarchives.ch/?a=d&d=LLE19451001-01.2.41

Radin, G. (2011). Correspondance Gino Severini Jacques Maritain (1923-1966). Florence, Italie : Leo S. Olschki.

Rudaz, P. (2008a). Un concours de circonstance pour un décor haut en couleur. L’église Saint-Pierre à Fribourg (Patrimoine fribourgeois), (18), 30-37.

Rudaz, P. (2008b). Un grand peintre trop encombrant ?. L’église Saint-Pierre à Fribourg (Patrimoine fribourgeois), (18), 38-43.

Sauterel, V. et Noverraz, C. (2020). Vitrail de la première moitié du XXe siècle : la couleur triomphante. Dans F. Giese (dir.), La redécouverte de la couleur [catalogue d'exposition] (p. 101-114). Berlin / Boston : Walter de Gruyter.

Schöpfer, H. (1994). Fribourg. Église paroissiale de Saint-Pierre. Inventaire du patrimoine religieux (IPR) [document inédit]. Vitrocentre Romont.

Severini, G. (1939, 19 août). [Lettre à Fernand Dumas]. Correspondance Severini-Dumas. Archives du Musée Charmey, Charmey.

Severini, G. (1940, 28 avril). [Copie d’un extrait de lettre à Jean-Edouard de Castella]. Archives de la paroisse Saint-Pierre, Fribourg.

Thévoz, G. (1938, 28 novembre). [Lettre au Conseil paroissial de Saint-Pierre]. Archives de la paroisse Saint-Pierre, Fribourg.

Voragine, J. de (1902). Saint Matthias. Dans La Légende dorée (traduit par J.-B. M. Roze, vol. 1, p. 320-322). Paris, France : Edouard Roueyre. https://www.bibliotheque-monastique.ch/bibliotheque/bibliotheque/voragine/index.htm

Waeber, L. et Schuwey, A. (1957). Églises et chapelles du canton de Fribourg. Fribourg, Suisse : Saint-Paul.

Bildinformationen

Name des Bildes
FR_Romont_VCR_KF_1150
Fotonachweise
© Vitrocentre Romont
Aufnahmedatum
2017
Copyright
© Ayants droit
Eigentümer*in

Vitrocentre Romont

Inventar

Referenznummer
KF_1150
Autor*in und Datum des Eintrags
Augustin Pasquier 1998; Valérie Sauterel 2024

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