Dans un octogone au centre d’un vitrail ornemental en arc de cercle, Marie l’Égyptienne est agenouillée devant le Christ et lui baise les pieds. Le Christ, debout, tend son bras gauche au-dessus de sa tête pour la bénir. Cette scène est recouverte d’une couche de peinture beige transparente.
Les ornementations qui encadrent la scène narrative se composent essentiellement de fleurs et de formes géométriques dans un équilibre subtil de tons chauds et froids. Quatre fines bordures successives aux teintes froides entourent le tout.

Déchirure à gauche au centre, trou en bas à gauche, taches, trous de punaises

Ce carton en couleur est une variante non réalisée à l’échelle 1:1 du vitrail consacré à Marie l’Égyptienne pour la quatrième fenêtre située dans le bas-côté nord-est de la nef de l’église Saint-Nicolas de Semsales. Il a été réalisé par l’artiste Jean-Edouard de Castella.

L'artiste fribourgeois cherche, dès 1923, à se faire confier l’ensemble des douze verrières de la nef de l'église de Semsales. Dans une lettre adressée au curé Chanex en juillet 1923, il dit avoir “parlé avec Monsieur Dumas à diverses reprises de ces vitraux” et le croit “assez disposé à user de [sa] collaboration pour cette partie de la décoration, sans toutefois jusqu’ici en avoir eu la confirmation définitive” (Castella, 1923). Le travail lui est confié en juin 1924 et il présente à l'architecte Fernand Dumas et à l’artiste toscan Gino Severini, responsable de la décoration générale de l’édifice, plusieurs maquettes qu’ils refusent jusqu’au printemps 1925, ne les trouvant pas suffisamment bonnes. Dumas arrive finalement à convaincre l’artiste de céder la moitié du travail au Carougeois Eugène Dunand (Radin, 2011, p. 31-33). Castella réalise les six vitraux du collatéral nord et Dunand les sept du collatéral sud. Dumas doit défendre auprès de la Commission de bâtisse cette répartition qui lèse le Fribourgeois d’un vitrail (Rudaz, 1997, p. 79).
Les six verrières de Castella sont posées par l’atelier Kirsch et Fleckner en octobre 1925, comme l’indique une facture de l’atelier fribourgeois (Kirsch et Fleckner, 1925).

Ce dessin présente un fond ornemental, plus géométrique que végétal, associant des coloris identiques au vitrail mais avec d’autres dominantes. La scène figurée se présente dans un octogone et propose une variation sur le même thème que celui de la verrière : Marie n’est pas en prière, le visage tourné vers le Christ, mais est agenouillée devant lui et lui baise ses pieds. Cette scène narrative, bien que dessinée avec précision et mise en couleur, a été recouverte d’une couche de peinture beige transparente, avec l’intention de la mettre au second plan pour souligner avant tout l’encadrement décoratif.
Dans le fonds graphique de l’atelier Kirsch & Fleckner, Il existe le carton définitif (KF_917), sur lequel Castella abandonne les motifs géométriques dans l’ornementation pour ne mettre en exergue que des motifs végétaux, mais garde les coloris qui semblent avoir séduit l’architecte Fernand Dumas. Il modifie toutefois l’impression générale dominée par des tons chauds (principalement le rouge).