Cette verrière ornementale, située dans la sacristie de l’église Saint-Pierre de Murist, a été réalisée en 1938 dans le cadre de la construction et décoration de cette nouvelle église construite par l’architecte du Groupe de Saint-Luc, Fernand Dumas. Cette verrière, tout comme l’ensemble du cycle verrier de l’église, peut être attribuée à l’artiste Paul Landry et à l’atelier Chiara de Lausanne.
A Murist, Landry reçoit le mandat de la décoration du baptistère et de la nef, où il conçoit les compositions peintes des caissons bordant la voûte de la nef et la décoration peinte de la tribune, ainsi que, très probablement, la polychromie générale de la nef. L’artiste a déjà une bonne expérience de ce type de mandat, puisqu’avant Murist il obtient, par l’intermédiaire de Dumas, la décoration des églises Saint-Othmar de Broc (1935-1936), Bottens (1936) et Attalens (1937-1938), où il s’illustre particulièrement dans la réalisation de décors muraux pour les voûtes. Le baptistère de Murist constitue l’une de ses oeuvres majeures. L’artiste réalise sur la paroi entourant les fonts une peinture murale à l’huile représentant le Baptême de l’Eunuque par le diacre Philippe, achevée en 1939 (Gammaldi, 2012). Pour définir l’ambiance lumineuse de cet espace, il réalise également les huit petits vitraux circulaires s’ouvrant sur tout le pourtour supérieur du baptistère, conçus pour former un tout avec les peintures murales. On ne lui connaît qu’une seule autre série de vitraux après celle-ci : le cycle verrier de l’église de Travers dans le canton de Neuchâtel, autre église construite par Fernand Dumas. Cette commande étant achevée en 1939, les vitraux de Murist peuvent être considérés comme sa première expérience dans le domaine du vitrail.
Landry est aussi l’auteur de l’ensemble des vitraux de la nef, du choeur et de la sacristie réalisés avec l’atelier Chiara de Lausanne. Cette hypothèse est confirmée par un article de la Patrie valaisanne saluant ce “nouveau chef-d’oeuvre d’art catholique” qu’est la nouvelle église de Murist lors de sa consécration en octobre 1938, et mentionnant Paul Landry comme l’auteur des vitraux, de la décoration de la nef et du baptistère (“Un nouveau chef-d’oeuvre d’art catholique”, 1938). Ces vitraux dont le rôle est avant tout ornemental font en effet partie intégrante du concept général de décoration de l’édifice, dont ils modulent la luminosité et l’ambiance colorée par leur tonalité chaude, s’harmonisant avec le reste de la polychromie.
Ces quatre fenêtres, de même que celles qui se situent au nord-est de la sacristie, sont des oeuvres ornementales dont le rôle est d’embellir la sacristie en la protégeant des regards, et permettant de tamiser la lumière extérieure. Elles présentent un choix très intéressant de verres de différentes textures : verres chenillés et verres cathédrale, également utilisés dans les fenêtres du choeur et de la nef. Les teintes choisies reprennent les couleurs chaudes dominantes dans la décoration intérieure de l’église : rouge, jaune, orange et brun. Malgré la modestie de ces vitraux, ils expriment toute l’expérience de décorateur de Landry et son sens de l’ensemble.
Ces verrières de la sacristie comportent la marque de l’atelier Chiara, qui figure au bas de l’ensemble de quatre fenêtres du côté sud-est. A l’intérieur de l’église, c’est également le cas du vitrail se trouvant à la tribune des orgues. Ces signatures permettent d’attribuer le cycle des vitraux de Murist à l’atelier lausannois, qui travaillera également avec Landry pour les vitraux de Travers. Le fait que la signature de l’atelier figure alors que celle de l’artiste est absente du cycle des vitraux de la nef et de la sacristie peut sembler surprenant. Cette absence doit être comprise comme une preuve supplémentaire que ces verrières ne constituent qu’un élément secondaire du programme de décoration, dont les pièces maîtresses sont les peintures murales. Sur l’ensemble de son travail à Murist, Landry ne signe en effet que sa peinture murale du baptistère et l’un des huit vitraux qui l’accompagnent.