Provenant de la collection du politicien et collectionneur d’art britannique Ralph Bernal (1783 ou 1784-1854), le vitrail a été acquis par le Victoria and Albert Museum lors de l’extraordinaire vente de cette dernière qui, organisée du 5 mars au 30 avril 1855 à Londres par Christie’s, concernait plus de 4000 objets manufacturés allant de l’époque byzantine à Louis XVI (Cat. vente Londres 1855, lot 2270). Lors de son entrée dans les collections du musée, il était considéré comme suisse et daté de 1579, comme indiqué dans le cartouche inférieur (Cat. coll. Londres 1855 (1868), p. 53 ; Day 1913, p. 109 ; V&A, documentation, état du 20 décembre 2013).
De grande qualité, tant d’un point de vue de l’invention que de l’exécution, le vitrail représente selon toute vraisemblance le donateur, Renward Göldlin, sous les traits de son saint patron que Paul Boesch identifia avec raison, sur la base d’un exlibris de 1574 aux armes de Renward Göldlin, accompagné de l’inscription „S. RENWART REX PORTOCAL“ (Beromünster, Stiftsbibliothek, Dietenberger Bibel), avec le roi Ferdinand de Portugal (1402-1443), dont le martyre, alors que ce dernier était en captivité à Tanger, suscita une grande émotion dans les cours européennes (cf. Boesch 1953b, p. 94).
Né en 1531, Renward II Göldlin est le fils du chevalier catholique Renward I Göldlin et de sa troisième femme, Afra Roth von Vaihingen, lequel a été admis à la bourgeoisie de Lucerne en 1507 où il devint membre du Grand Conseil de 1533 à 1555. Promis à une carrière ecclésiastique, il reçoit en 1544, à l’âge de treize ans, la promesse d’une chaire de chanoine à Beromünster. Après des études à Meersburg puis à Freiburg-in-Breisgau, il est fait prêtre en 1556 à Meersburg puis chanoine en 1578 du chapitre de Bâle qui, après la Réforme, s’était transféré en 1529 à Freiburg-in-Breisgau, principale résidence du prélat. Renward y mourut en 1600 et fut enterré dans la cathédrale de cette ville où sa tombe est encore conservée (ibid.).
L’emplacement d’origine du vitrail de Londres n’est pas établi. Sa datation de 1579 pourrait toutefois avoir un lien avec son ordination en 1578 au titre de chanoine, ce que semble rappeler le chapeau de dignité orné de cordons se terminant par six houppes réparties sur trois rangées, représenté dans le vitrail.
En 1952, Paul Boesch attribua le panneau de Londres à Hans Sur von Basel, sur la base de son iconographie et du monogramme „HSVB“ apposé sur le cartouche (V&A, documentation, état du 20 décembre 2013 ; Boesch 1953b, p. 91-96 ; Ganz 1966, p. 58), un peintre-verrier documenté à Strasbourg puis à Bâle de 1578 à 1609, dont la personnalité n’était connue que par les archives grâce aux travaux de Hermann Meyer (1884) et d’Adolf Glaser (1937). Cette attribution paraît tout à fait fondée.
Durant sa carrière ecclésiastique, Renward commanda plusieurs oeuvres d’art, dont un autre vitrail de 1574 (collection privée) ou encore un modèle dessiné destiné à vitrail, daté de 1591 et signé par le peintre-verrier Hans Jakob Plepp, également conservé à Londres (VAM, inv. 1429 – cf. Boesch 1953b, p. 91-96).
Cité dans :
Cat. vente Londres 1855, lot 2270
Cat. coll. Londres 1855 (1868), p. 53
Day 1913, p. 109
Boesch 1953b, p. 91-96, pl. 30.
Boesch 1954f, p. 73
Ganz 1966, p. 58