Acquis sur le marché de l’art en 1863 par le Victoria and Albert Museum, la provenance du vitrail n’est pas précisée. Lors de son entrée dans les collections du musée, il était considéré comme suisse et daté de 1670, comme indiqué dans le cartouche inférieur (Cat. coll. Londres 1863 (1868), p. 33 ; V&A, documentation, état du 20 décembre 2013).
Le vitrail représente dans un riche intérieur bourgeois un homme, probablement le donateur, ce que n’infirme pas le costume, caractéristique des années 1670, en train de méditer sur la vanité de la vie, alors qu’il est accompagné de divers objets, figures, représentations et inscriptions rappelant le caractère transitoire voire peccamineux de la vie humaine, tandis que l’ange et les allégories de la Foi et de l’Espérance symbolisent la Résurrection et la Vie éternelle, représentées sous la forme d’un Paradis qui occupe la partie supérieure du vitrail… Mehr
Acquis sur le marché de l’art en 1863 par le Victoria and Albert Museum, la provenance du vitrail n’est pas précisée. Lors de son entrée dans les collections du musée, il était considéré comme suisse et daté de 1670, comme indiqué dans le cartouche inférieur (Cat. coll. Londres 1863 (1868), p. 33 ; V&A, documentation, état du 20 décembre 2013).
Le vitrail représente dans un riche intérieur bourgeois un homme, probablement le donateur, ce que n’infirme pas le costume, caractéristique des années 1670, en train de méditer sur la vanité de la vie, alors qu’il est accompagné de divers objets, figures, représentations et inscriptions rappelant le caractère transitoire voire peccamineux de la vie humaine, tandis que l’ange et les allégories de la Foi et de l’Espérance symbolisent la Résurrection et la Vie éternelle, représentées sous la forme d’un Paradis qui occupe la partie supérieure du vitrail.
Sur la base du cartouche, le donateur peut être identifié comme Johann Rudolf Hermann, un lieutenant issu de la branche saint-galloise des Hoffmann. Famille originaire de Baden (AG) reçue bourgeoise de Constance, les Hoffmann se transférèrent à Rorschach en 1610, à la demande du prince-abbé de Saint-Gall Bernhard Müller, pour y établir un nouveau centre de l'industrie et du commerce de la toile. Ils accédèrent à la noblesse d'Empire et d'Autriche en 1681 (les Hoffmann von Leuchtenstern) et seront reconnus sujets nobles de l'abbaye de Saint-Gall en 1787. Ils achetèrent en 1703 le château de Wiggen près de Rorschach, érigé en fidéicommis en 1776, et fournirent nombre d'officiers au service étranger et à la milice du prince-abbé de Saint-Gall (cf. Göldi 2009 ; Hollenstein 2010, consultés le 17 mars 2021).
Conservé dans une collection privée en Suisse, un vitrail, daté de 1629 et attribué à l’atelier zougois des Müller, partage avec le panneau de Londres une même iconographie (Cham, collection privée – cf. Bergmann 2004b, cat. 101), dont l’invention pourrait être un dessin de 1583 attribué à Christoph Murer et aujourd’hui conservé à la Staatliche Kunsthalle de Karlsruhe, dont il existe une variante dessinée attribuée à Bartholomäus Lingg et datée de 1590 (Mensger 2012, vol. 1, cat. 269 et vol. 2, cat. 515). L’emplacement d’origine du panneau de Londres n’a cependant pas pu être établi.
Peut-être sur la base de ces informations historiques, Hans Lehmann proposa d’attribuer le vitrail de Londres au peintre-verrier de Constance Wolfgang Spengler (V&A, documentation, état du 20 décembre 2013). En 1952, Paul Boesch infirma cette proposition en démontrant l’incompatibilité stylistique du vitrail de Londres avec un rondel daté de 1671 et signé par Wolfgang Spengler : le vitrail historié au nom de Hans Georg Gruber représentant une Assomption de la Vierge (ibid. – cf. VAM inv. C.269-1934, VAM_71).
En 1954 et en 1955, Paul Boesch proposa d’attribuer le vitrail de Londres au peintre-verrier de Winterthour Jakob II. Weber sur la base de deux rapprochements avec deux autres vitraux signés de ce dernier : le premier est un vitrail armorial d’alliance daté de 1670 et conservé à l’église de Wülflingen (Boesch 1954a, p. 36 ; id. 1954f, p. 84 ; id. 1955, p. 86 ; sur l’église, cf. Dejung et Zürcher 1952, p. 345) ; le second, signé et daté de 1680, est un vitrail actuellement non localisé mais documenté par une ancienne photographie conservée à la photothèque du Musée national suisse de Zurich (SLM 34171*) qui représente la même iconographie que le vitrail de Londres : le „Respice Finem“ (Boesch 1955, p. 86-88). Le vitrail de Londres peut également être rapproché d’un vitrail d’alliance, signé et daté de 1668, aux armes de Sebastian Högger et Margaretha Buffler, aujourd’hui conservé au Historisches Museum St. Gallen, où l’on retrouve ce style rapide et nerveux ainsi que des allégories féminines semblables, dont la position, le drapé et certains détails, telle que la manière de dessiner la jambe ou encore le genou, rappellent fortement le panneau de Londres (cf. Boesch 1955, p. 84, fig. 24).
Cité dans :
Cat. coll. Londres 1863 (1868), p. 33
Day 1913, p. 111
Boesch 1954a, p. 36
Boesch 1954f, p. 84
Boesch 1955, p. 86-87
Bergmann 2004b, p. 296, fig. 101.2.
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