Cette fenêtre comporte quatre panneaux : en haut à gauche, un homme de profil court sur un petit sentier bleu. Son bras droit est en bas alors que le gauche est levé à hauteur de visage. Il porte une casquette à l’envers. En haut à droite, une femme en robe, de face, tient dans sa main droite une colombe qui a les ailes ouvertes. Elle tourne son regard vers elle et a sa main gauche levée. En bas à gauche, deux femmes debout de face, portent chacune un tablier sur leur robe. L’une est rousse, l’autre blonde. La femme blonde pose sa main droite dans le dos de la femme rouquine. Elles se saluent par une poignée de mains. En bas à droite, deux soldats de profil marchent côte à côte, leur fusil posé sur leur épaule droite. L’un porte une coiffe ronde, l’autre une toque carrée. Celui du premier plan lève son bras gauche.
Chaque panneau a en alternance un fond blanc ou bleu.

Ce cycle de douze vitraux pour l’école primaire de la Vignettaz se compose de trois fenêtres, constituées chacune de quatre panneaux. Il se situe sur la façade nord-ouest du bâtiment, dans la cage d’escalier au deuxième étage. Cette fenêtre avec un coureur, une porteuse de colombes, deux ménagères et deux soldats est la troisième baie à droite.
Réalisé par l’artiste Jean-Edouard de Castella et l’atelier fribourgeois Kirsch & Co, lors de la construction de l’école en 1949 (le vitrail du carton KF_381 est signé et daté en bas : „KIRSCH & Co J.E. de Castella 1949), cet ensemble de douze vitraux, d’apparence très simple, s’avère très subtil. La construction globale de cette grande paroi de verre joue sur les alternances : celle des sexes (homme-femme), du nombre de personnages (un ou deux), des fonds colorés (bleu-blanc) et des tons (chauds-froids). Elaborée sur la diagonale et l’horizontale, cette succession permet une lecture très aisée dégageant une sensation globale plaisante et ludique.
A la fin des années quarante, Castella a terminé deux de ses réalisations verrières parmi les plus importantes de sa carrière, celle de l’église Saint-Pierre à Fribourg et celle de la chapelle Notre-Dame de la Paix pour l’église Sainte-Thérèse à Genève. En 1949, il envoie au curé de la paroisse genevoise une série de cartons pour les hauts-jours de la nef de l’église Sainte-Thérèse. Bien que ce projet ne se réalise pas, il possède de nombreux points communs avec les vitraux de l’école primaire de la Vignettaz, principalement la simplicité de la représentation. De plus, Castella construit ses vitraux de la même manière en plaçant au centre de son image un personnage très stylisé, composé de grands morceaux de verre dans des nuances de teintes délicates. Celui-ci est placé sur un fond blanc (ou bleu pour une partie des vitraux de la Vignettaz), et repose sur une petite zone colorée. Le trait se limite strictement à l’essentiel pour évoquer les contours principaux des figures.
Cette réalisation profane de l’artiste à l’école de Vignettaz donne l’impression qu’il a souhaité se faire plaisir (libéré des contraintes thématiques et iconographiques parfois difficiles pour ses réalisations à Saint-Pierre et Sainte-Thérèse) et apporter aux enfants de l’école un panneau de verre divertissant, coloré et simple d’approche, pour animer et égayer leur cage d’escalier.